L'insécurité, le chômage, le manque criant d'infrastructures de base, le désinvestissement et l'anarchie constituent le lot quotidien des populations locales. C'est quasiment officiel : le président Bouteflika se rendra bientôt en visite de travail et d'inspection dans la capitale du Djurdjura, Tizi Ouzou, où l'information de son déplacement est, un peu plus chaque jour, vérifiée. Vérifiée, selon des indices pas du tout trompeurs au vu des préparatifs qui se font dans les coulisses de l'exécutif de la wilaya de Tizi Ouzou, mais surtout au niveau de certains sites prévus dans l'itinéraire du chef de l'Etat et qui font l'objet d'un minutieux toilettage pour accueillir l'hôte de la Kabylie. Même si aucune date officielle n'est pour le moment arrêtée, des sources concordantes avancent ce déplacement pour la dernière semaine du mois en cours. Reprenant son bâton de pèlerin, le chef de l'Etat voudrait ainsi marquer de son empreinte une visite, par ailleurs, très attendue dans une région sinistrée où l'insécurité, le chômage, le manque criant d'infrastructures de base, le désinvestissement et l'anarchie règnent au quotidien. C'est que ce périple, le second (après celui d'Alger) après sa réélection pour un troisième mandat le 9 avril dernier, Bouteflika l'avait promis au cours des meetings qu'il avait animés à Tizi Ouzou et à Béjaïa lors de sa campagne électorale. Surtout à Tizi Ouzou où le Rassemblement national démocratique (RND), au même titre que d'autres formations politiques et des dizaines d'associations, lui avaient lancé des invitations à venir visiter, inspecter et constater une région qui a sombré dans le chaos et qui nécessite plus que jamais un plan spécial. Au point où les parlementaires du parti d'Ahmed Ouyahia parlaient d'un “plan Marshall” et évoquaient “des décisions politiques” pour sortir cette région du pays de sa torpeur qui n'a que trop duré au vu des carences flagrantes, des insuffisances et de la malvie qui y règne. Selon nos sources, la visite du président de la République a même été programmée au lendemain de son investiture pour un troisième mandat à la magistrature suprême du pays. C'est dire que Bouteflika, en guise d'acte de bonne foi, voudrait renvoyer l'ascenseur à une Kabylie qui lui avait réservé un accueil chaleureux lors de sa campagne électorale. Et cette visite ne sera que prometteuse de par sa portée et son impact sur toute la région. Le périple de Bouteflika dans la capitale du Djurdjura sera, certes, court, mais de grandes annonces sont attendues, surtout que le Plan d'action a été adopté par les deux Chambres du Parlement. De la ville des Genêts, où il inspectera certaines infrastructures récemment réalisées, Bouteflika devra se déplacer sur l'axe de Oued Aïssi et Tizi Rached, mais aussi sur l'axe du barrage d'eau de Taksebt. Une importante délégation accompagnera le chef de l'Etat pour relever, à chacun son secteur, les projets prioritaires, voire les urgences d'une région où la sinistrose constitue le lot quotidien des habitants. Suite à quoi, le chef de l'Etat pourrait ainsi annoncer un “plan spécial” pour la Kabylie qu'il inscrira dans le cadre du plan quinquennal 2009-2014. Mieux vaut tard que jamais, les secteurs de la santé, de l'éducation, de la justice, de la jeunesse et des sports, du tourisme et du transport bénéficieront certainement d'enveloppes budgétaires conséquentes. Car, en fait, seuls les résultats probants des secteurs de l'habitat et des ressources en eau sont visibles dans cette région qui a bénéficié, depuis 1999, d'importants programmes d'alimentation en eau potable, de réalisations de logements, toutes formules confondues, notamment l'habitat rural et les aides à l'autoconstruction. Du reste, les autres secteurs sont en souffrance. Surtout sur le plan sécuritaire au vu du redéploiement des groupes armés dans les maquis de Kabylie et la montée en puissance des associations de malfaiteurs après le départ de certaines brigades de la Gendarmerie nationale au lendemain des douloureux évènements de 2001. Du coup, la visite de Bouteflika en Kabylie pourrait marquer un autre cap pour le développement de la région. Surtout si des décisions politiques venaient à tomber pour donner un coup de pied dans la fourmilière au sein des institutions où l'irresponsabilité, la bureaucratie, la non-gestion et le clientélisme sont érigés en règle. Cela va sans dire que d'autres volets pourraient s'inscrire dans le programme de la visite du président Bouteflika surtout que les attentes sont énormes. FARID BELGACEM