Les attentes côté algérien sont l'appui de l'UE à l'adhésion à l'OMC, des facilitations en matière de circulation des personnes et davantage d'investissements directs européens. L'Algérie et l'Union européenne semblent vouloir donner une nouvelle impulsion aux relations bilatérales. Un mois après la visite en Algérie du commissaire au Commerce de l'Union européenne, M. Peter Mandelson, c'est au tour de la commissaire chargée des Relations extérieures et de la Politique européenne de voisinage, Mme Benita Ferrero Waldner, de venir s'entretenir avec le gouvernement algérien, “des actions concrètes” à entreprendre pour renforcer le partenariat, d'autant que les deux parties, se disent “non satisfaites” de l'application actuelle de l'accord. L'Algérie ne tire pas profit, du moins pour l'instant, de l'accord d'association. Au moment où le Maroc exporte pour 12,7 milliards d'euros, la Tunisie 11,5 milliards d'euros, les exportations hors hydrocarbures algériennes ne dépassent pas le milliard d'euros. En matière d'investissement, les entreprises européennes sont restées trop timides. M. Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, avait estimé que les espoirs suscités par l'accord “n'ont pas encore été réalisés”. Le commissaire au Commerce de l'UE ne croit pas “qu'à l'heure actuelle, cet accord fonctionne suffisamment bien”. Du coup, l'Algérie s'apprête à introduire des propositions d'amendements sur un certain nombre d'articles de l'accord avant 2010 et la partie européenne s'est engagée, notamment, après la visite de M. Mandelson, à accepter les demandes de l'Algérie. Dans un entretien accordé à l'APS, la commissaire européenne estime que les deux parties ont “besoin de suivre une approche pragmatique qui permette d'utiliser tout le potentiel de cet accord d'association”. Cette question pourrait être abordée lors de la 3e session du Conseil d'association UE-Algérie qui se tiendra le 11 mars prochain à Bruxelles. Hier, les deux parties ont signé une convention de financement destinée à la mise à niveau du secteur de la petite et moyenne entreprises. Doté de 40 millions d'euros, le programme vise l'amélioration de manière durable la compétitivité des entreprises algériennes tant sur le marché national que sur les marchés régional et/ou international. Pour la période 2007-2010, les priorités de la coopération sont définies par un programme indicatif pluriannuel qui prévoit une enveloppe de 220 millions d'euros pour l'Algérie. Sur le plan plus politique, plusieurs dossiers : l'énergie, la politique de voisinage, la question des visas… restent en suspend. “À ce stade, il est prématuré d'anticiper l'adoption d'un plan d'action voisinage avec l'Algérie assorti d'objectifs spécifiques”, souligne la Commission européenne. 12 pays ont déjà adhéré à cette nouvelle politique et signé avec l'UE des plans d'action. Avec la Tunisie et le Maroc, les plans d'action sont en vigueur depuis 2005. Pour l'Algérie, la priorité est donnée à l'application de l'accord d'association, entrée en vigueur le 1er septembre 2005. La Commission européenne, dans le document relatif au programme indicatif national 2007-2010 pour l'Algérie, note que “dans le cas de la l'Algérie, la ratification de l'accord d'association a été un exercice difficile pour le pouvoir algérien qui a principalement misé sur l'ancrage politique à l'UE”, estime le document, plutôt que le libre-échange qui, en termes économiques, ne représente pas vraiment de valeur ajoutée pour l'Algérie. Un autre volet qui focalise les discussions, c'est celui de l'énergie. L'UE et l'Algérie sont d'accord sur le fait que la coopération bilatérale dans le domaine de l'énergie pourrait être considérablement renforcée “au bénéfice des deux pays”. Véritable levier de l'économie algérienne, l'énergie est aussi un élément essentiel pour l'UE, qui voit en l'Algérie un partenaire stratégique qu'il convient de ne plus négliger. Il s'agit, en effet, d'un fournisseur important de gaz à l'UE, après la Russie et la Norvège, dont l'appui est indispensable afin d'assurer une sécurité d'approvisionnement énergétique. En situation de dépendance énergétique croissante vis-à-vis de l'extérieur, notamment de la Russie qui lui assure le quart de sa consommation en gaz et pétrole, l'Union européenne espère conclure rapidement un partenariat avec l'Algérie. Le ministre des Affaires étrangères, lors de sa visite à Bruxelles, en novembre dernier, avait annoncé que le “mémorandum d'entente pour un partenariat énergétique stratégique serait conclu d'ici la fin 2008 ou un peu après”. Par ailleurs, si pour l'UE le démarrage des discussions sur un accord de réadmission des Algériens illégalement établis en Europe est important, l'Algérie attend l'appui de la commission pour la facilitation de l'octroi des visas ainsi que pour son accession à l'OMC. Meziane Rabhi