Les partisans de Moussavi manifestent depuis quatre jours dans les rues de la capitale, mais aussi dans les autres grandes villes. L'ayatollah craint l'effet boule de neige. Même si le gouvernement interdit toute manifestation, des groupes de manifestants se réunissent pour affronter les forces de sécurité qui ne leur font pas de cadeaux. D'ici deux semaines, Moussavi pourrait être président ou se retrouver derrière les barreaux. Il aura, à tous les coups, gagné. Ahmadinejad traîne d'ores et déjà la casserole d'un mal élu et d'un homme de répression. Le guide suprême de la Révolution iranienne, Ali Khamenei, a ordonné l'ouverture d'une enquête sur les accusations de fraude électorale lors du scrutin présidentiel de vendredi dont Mir Hossein Moussavi, le candidat réformateur, a réclamé l'annulation. Et l'annonce a été faite par la télévision d'Etat, entre les mains des sponsors d'Ahmadinejad, les vrais tenants du pouvoir en Iran. Et si le grand ayatollah a reculé, lui qui avait félicité son poulain alors que Moussavi avait contesté les résultats proclamés du vote, c'est que l'Iran est dans une situation à la limite insurrectionnelle. Les réformateurs et leurs partisans, la jeunesse et les femmes notamment, n'ont pas lâché prise malgré la machine répressive du régime qui a fait le choix de reconduire Ahmadinejad pour un second mandat, en dépit de ses échecs à l'intérieur du pays et de l'isolement dans lequel il l'a plongé sur la scène internationale. Probablement que l'ayatollah qui détient la réalité des pouvoirs pense éteindre les feux avec l'enquête, persuadé que ses enquêteurs aux ordres n'iront pas trop fouiller. Il reste que c'est une volte-face surprenante de la part du guide suprême de la Révolution dans la mesure où il a également invité Moussavi, qu'il a reçu dimanche, a poursuivre sa contestation des résultats par la voie légale, faisant allusion au dépôt du recours devant le Conseil des gardiens de la Constitution, un organe également à la dévotion du Guide. Sa décision sera rendue publique dans dix jours. Les partisans de Moussavi manifestent depuis quatre jours dans les rues de la capitale, mais aussi dans les autres grandes villes. L'Ayatollah craint l'effet boule de neige. Même si le gouvernement interdit toute manifestation pro Moussavi, des groupes de manifestants se réunissent pour affronter les forces de sécurité qui ne leur font pas de cadeaux. La police anti-émeute patrouille à Téhéran où les ordures commencent à envahir les rues dont certaines sont bloquées par des barricades. Ils tirent sur tout ce qui bouge et Moussavi craint le recours à des balles réelles. Ce sont les manifestations les plus virulentes contre les dirigeants de la République islamique. Le bras armé du régime, les Gardiens de la révolution, a juré de déjouer toute tentative de “révolution de velours” en Iran, allusion au renversement non violent de régimes communistes. La situation s'est dégénérée au point qu'Ahmadinejad a reporté son voyage dans l'Oural pour assister au sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai. Chez les Occidentaux, c'est l'inquiétude : Washington qui a proposé un nouveau départ dans ses relations avec l'Iran, si ce dernier desserre le poing, se montre prudent dans ses commentaires sur l'élection. Le vice-président américain Joe Biden a évoqué ses doutes sur le résultat. L'Allemagne, l'un des premiers partenaires commerciaux de l'Iran, a convoqué l'ambassadeur iranien pour lui demander des explications sur la répression des manifestations de protestation. Le secrétaire au Foreign Office britannique a fait part de ses graves inquiétudes et la France a fait donner sa secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme. L'UE a appelé le gouvernement à ne pas recourir à la violence et espéré que la volonté du peuple serait respectée. Ahmadinejad aura également inauguré son second mandat sous le signe de fermeture des médias. Kalameh Sabz, le journal de Moussavi, est introuvable en kiosque depuis lundi, et Sarmayeh, un autre quotidien réformateur, n'a pu annoncer les événements qui secouent l'Iran que par une page blanche. Dans chaque imprimerie, des représentants des autorités surveillent ce que les journaux veulent publier et suppriment des titres, articles ou portions d'articles. En réalité, l'Iran n'est que l'exemple classique de démocratie de façade : les partis politiques sont extrêmement restreints et un petit groupe détient le monopole du vrai pouvoir politique et contrôle les élections. Celles du 12 juin lui auront-elles échappées ? Le second mandat d'Ahmadinejad pas pu être géré derrière les portes fermées de l'oligarchie au pouvoir. Le simple fait d'avoir permis aux Iraniens de voter contre le président Mahmoud Ahmadinejad a suscité la plus grande participation électorale de tous les temps. Et ce sont certainement les fraudes qui ont déclenché la plus grande vague de manifestations qu'on n'ait jamais vues depuis l'avènement de la révolution islamique en 1979.