Cette recrudescence des activités terroristes dans la région, qu'on qualifie de fait grave, voire d'événement sécuritaire le plus inquiétant de cette année, nous rappelle la vague d'attentats meurtriers commis dans la région, il y a cinq ans et presque durant la même période. L'axe Bouira-Bordj Bou-Arréridj-Béjaïa connaît, depuis deux mois et demi, soit le 1er mars dernier, une recrudescence des activités terroristes de plus en plus sanguinaires et ciblant, en premier lieu, les gendarmes et les gardes communaux. La région renoue, ainsi, avec la violence terroriste après une relative accalmie constatée dès l'été 2004. La première semaine du mois d'avril de l'année en cours, les forces de sécurité ont infligé, lors de deux opérations distinctes, une sérieuse défaite aux groupes terroristes activant dans la région, soit entre Béjaïa et Bordj Bou-Arréridj. Le week-end du 2 et 3 avril, les services de sécurité mettront hors d'état de nuire 11 terroristes. Leurs armes seront récupérées. Le premier groupe, composé de 4 terroristes, a été localisé dans la forêt de Bougten à une quarantaine de kilomètres de la ville de Bordj Bou-Arréridj. Lors de l'assaut, les forces combinées perdront un garde communal alors que 3 gendarmes seront blessés. Durant le même espace temporel, une autre opération était menée à Kadiria, située, elle, à une trentaine de kilomètres à l'ouest de la ville de Bouira. Ce sont 7 terroristes qui seront pris dans l'étau dressé par les forces de sécurité. Dans la nuit du 17 au 18 mai dernier, les éléments de l'ANP ont éliminé deux terroristes à l'est de Bordj Bou-Arréridj, plus précisément à Béni Ougag dans la commune de Bendaoud, soit sur la lisière frontalière Bordj Bou-Arréridj - Béjaïa. Parmi les terroristes éliminés se trouvait un ressortissant malien. Cette opération est intervenue après l'attaque terroriste menée le 21 avril contre un cantonnement de la garde communale dans une localité proche d'Adekar, dans la wilaya de Béjaïa. Une attaque menée aux environs de 20 heures. La riposte des forces de sécurité, ce jour-là, sera énergique : 4 terroristes seront éliminés. Une semaine auparavant, le 16 avril, sur la route de Beni Ksila-Toudja, un citoyen est assassiné dans un faux barrage. La veille, soit le 15 avril, à quelques kilomètres d'Adekar, soit à Beni Ksila, un militaire et un garde communal ont été assassinés. Le 2 mars, les terroristes ont voulu commettre un carnage lors d'un enterrement à Beni Ksila dans la wilaya de Béjaïa, région frontalière avec Bouira et Bordj Bou-Arréridj. Une femme et un militaire ont été assassinés et le carnage aurait put être lourd, n'était la vigilance des force de sécurité. Cette recrudescence des activités terroristes dans la région, qu'on qualifie de fait grave, voire d'événement sécuritaire le plus inquiétant de cette année, nous rappelle la vague d'attentats meurtriers commis dans la région, il y a cinq ans, presque durant la même période. En effet, le 12 février 2004, après une longue accalmie dans la région, 7 gendarmes ont été assassinés à Ouadhias, à Béjaïa, à la frontière avec Bouira-Bordj Bou-Arréridj et leurs armes récupérées. Le 2 juin 2004, à Toudja, un convoi composé de 3 camions militaires et 2 bus de la Gendarmerie nationale est attaqué. Le bilan est lourd avec 12 militaires assassinés et une vingtaine de militaires et de gendarmes blessés. L'attaque a eu des effets chaotiques sur la saison estivale, qui se pointait, dans la région de Béjaïa. Un véritable désastre pour une région qui n'arrivait plus à se relever des attaques terroristes et événements politiques douloureux. La réaction des forces de sécurité ne se fera pas attendre. Du 17 au 19 juin de cette même année 2004, l'armée mènera une vaste opération pour déloger les hordes sanguinaires et redonner confiance aux populations et aux estivants. Les forces combinées élimineront une dizaine de terroristes dont Nabil Sahraoui, le chef du GSPC, qui a remplacé, quelque temps auparavant, Hassan Hattab, destitué par les siens. Le bilan de l'époque, on se rappelle, avait donné parmi les terroristes éliminés un certain Droukdel, qualifié d'artificier de l'organisation terroriste, chargé de la coordination. En fait, plus tard, c'est ce Droukdel qui prendra les rênes du GSPC pour l'affilier, ensuite, à Al-Qaïda. Aujourd'hui, fait calculé ou hasard et coïncidence du calendrier, cinq ans après cette attaque durant laquelle l'actuel “émir” du GSPC s'en est sorti indemne par miracle alors que son prédécesseur avait trouvé la mort, l'organisation terroriste mène l'action la plus meurtrière contre les forces de sécurité depuis plusieurs années.