Akli D., initiateur de la Caravane berbère qui sillonnera, à partir de demain, quelques régions de la Kabylie, évoque dans cette interview ce projet qui lui tenait à cœur et qu'il n'aurait pu concrétiser sans le soutien et l'aide de beaucoup de personnes. Liberté : Le Festival celtico-berbère, organisé au Cabaret sauvage à Paris, est-il un prélude à la Caravane berbère qui part demain pour l'Algérie ? Akli D. : Oui, on peut dire cela. La Caravane berbère parraine ce festival avec la “Mission bretonne” et moi-même. D'ailleurs, j'ai chanté samedi dernier. Le monde est fait de ce métissage. La musique celtique — bretonne, irlandaise — est très proche de la musique kabyle et, aujourd'hui, je trouve que c'est une très belle rencontre, une fusion qui paraît toute naturelle. Revenons à cette Caravane berbère que vous avez initiée. À quelques jours du départ, vous me disiez que vous n'étiez pas tout à fait prêts. Que manque-t-il ? Je pense à cette caravane depuis le mois de mars. L'association de la caravane ne peut pas tout prendre en charge car elle vient juste de naître. Et je dois préciser que c'est aussi grâce au Cabaret sauvage que l'idée a pu se concrétiser. J'ai dû mettre la main à la poche ; c'est moi-même qui paie la sono et prend en charge certains autres frais. Comment cette idée de caravane est-elle née ? Durant mes séjours en Algérie, beaucoup de jeunes m'ont demandé pourquoi des groupes étrangers n'y viennent-ils pas se produire ? Je me sentais donc le devoir d'organiser un événement pour redonner le sourire aux jeunes, les pousser à créer et à se perfectionner. Mon bonheur, ce n'est pas seulement d'y aller pour chanter seul — je l'ai déjà fait —, mais d'emmener d'autres chanteurs, d'autres groupes… Comment vont se passer les choses concrètement sur le terrain ? Nous partons le 23 juin pour donner des concerts en Kabylie. Les spectacles auront lieu en plein air et l'accès sera gratuit. Nous ferons évoluer nos groupes, nos chanteurs, ceux qui partent avec nous d'ici, mais nous ouvrirons également la scène à des intervenants locaux pour que l'échange soit complet et efficace. Pour cette année, il s'agit d'une petite tournée : on sera le 24 juin au stade Mohamed-Boumghar à Draâ El-Mizan, le 25 à Tigzirt, dans un endroit qui reste à définir et, enfin, le 27 juin à Béjaïa, au stade scolaire. Pour Tigzirt, nous avons encore quelques soucis, on nous parle de difficultés sécuritaires qui pourraient empêcher le concert d'avoir lieu, mais il reste encore un espoir. Pour les prochaines éditions, j'espère que le programme sera plus conséquent, que nous pourrions nous rendre dans d'autres régions d'Algérie, passer même par le Maroc… Je me dois de préciser que cette caravane n'a aucun caractère politique, c'est purement culturel. A. Y. Le directeur du Cabaret sauvage Méziane Azaïch nous a expliqué : “Cette caravane berbère a pour objectif de créer des ponts entre des chanteurs d'ici et ceux d'Algérie. C'est une façon de partager des choses, des émotions, créer des liens amicaux ou même professionnels. Je suis très content que cette caravane, très chère à Akli D., parte du Cabaret sauvage. L'apport du Cabaret sauvage, comme d'habitude, est de faire connaître notre culture berbère, de la faire vivre et la faire cohabiter avec d'autres cultures. Pour cette caravane, notre apport, comme vous le voyez, est très concret, avec l'organisation de ce festival dans nos locaux. Tous les bénéfices de ce festival seront versés à l'association de la caravane.” A. Y.