Commémorant le 11e anniversaire de l'assassinat du chanteur kabyle Lounès Matoub, le 25 juin 1998 à Tala Bounane, un lieu-dit non loin de Béni Douala, sa région natale, au sud du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou, la fondation portant le nom du Rebelle a organisé, pendant une semaine (du 22 au 26 juin), une exposition sur la vie et l'œuvre du poète dans l'enceinte de la maison de la culture Mouloud-Mammeri. À cette occasion, des ventes-dédicaces ont été tenues dans l'enceinte de la Maison de la culture. C'est le cas notamment du jeune Massinissa Lounès (24 ans), qui a mis en vente deux titres (un recueil de poésie en tamazight, édité en 2008, et un autre en tamazight également avec une partie en français), édité à compte d'auteur en mars dernier et relatant quelque peu la vie du chanteur assassiné. Le premier s'intitule Lasel mebla izerfan (les origines sans droits) et le second Tighri u grawliw (l'appel du révolutionnaire) – Le Rebelle a parlé après sa mort. Dans ce dernier, l'auteur imaginait une scène du disparu parlant à sa famille quarante jours… après sa mort. Dans le programme de la Fondation-Matoub, il y a eu également l'interprétation des chants du poète par la chorale Thafsouth (le Printemps), une table ronde autour de l'œuvre du Rebelle, un spectacle théâtral sur la vie et le combat de Lounès, présenté par la troupe Aghbalu, une projection vidéo d'un film inédit sur le chanteur, puis une conférence-débat dans la salle du Petit-Théâtre de la Maison de la culture, animée par M. et Mme Ahmed Zaïd autour du thème “La thématique de tamurt (le pays) dans la poésie de Matoub”. Aujourd'hui, jeudi, un rassemblement grandiose et un recueillement avec des bougies allumées se sont déroulés à Taourirt-Moussa-Ouamar, avec dépôt de gerbes de fleurs sur la tombe du Rebelle, à la placette Matoub et à Thala Bounane, l'endroit où il a été assassiné le 25 juin 1998. Demain, vendredi, c'est le 4e prix de la résistance Matoub Lounès qui sera attribué au cours d'une cérémonie dans la ville Draâ El-Mizan (50 km au sud de la ville de Tizi Ouzou). D'innombrables jeunes venant de diverses régions du pays (Bouira, Béjaïa, Boumerdès, Alger…), et pour lesquels Matoub Lounès restera l'incontestable idole, ont rallié la région pour rendre un hommage appuyé et se recueillir à la mémoire du poète disparu, il y a 11 ans. Cette multitude de fans de Matoub, venue pour effectuer une sorte de pèlerinage dans la plupart de ces lieux du souvenir, demeure toujours en quête de quelque lumière sur le lâche assassinat, le jugement de ou des auteurs du crime contre l'emblématique icône qu'était et restera Matoub Lounès. La meilleure preuve de l'attachement de la population juvénile, voire de tous les âges, à l'œuvre du regretté génie chanteur est la persistance d'écoute religieuse, plus d'une décennie après sa mort, de la musique de ce véritable troubadour de la chanson populaire (châabi) à la voix sublime.