Le 7e anniversaire de la mort de Matoub Lounès a été commémoré hier dans le calme et le recueillement à Tizi Ouzou et à Taourirt Moussa, son village natal. Des milliers de personnes ont pris part aux festivités organisées par la fondation portant le nom du chanteur. Des gerbes de fleurs ont été déposées par une foule nombreuse au carrefour baptisé du nom du Rebelle à Tizi Ouzou ainsi que sur le lieu de son assassinat à Tala Bounan. Une cérémonie similaire a eu lieu sur la tombe du chanteur à Taourirt Moussa. La mère de Lounès était au centre des festivités commémoratives auxquelles ont également assisté des délégués des archs. Un gala artistique était programmé pour l'après-midi d'hier et de nombreux chanteurs ont été invités à ce rendez-vous pour raviver la flamme d'un artiste qui a marqué de son empreinte la scène locale. Sept ans après l'assassinat de Matoub Lounès, la douleur est encore vive au sein de la population de la région qui a vécu la disparition de ce chanteur emblématique comme une brutale perte de repères. Les jeunes s'identifiaient à Matoub Lounès parce qu'il chantait leurs tourments et parlait leur langage. Il était également le porte-drapeau du combat identitaire en même temps qu'il était l'auteur prolifique d'une œuvre artistique majeure. Quelques heures après l'attentat perpétré le jeudi 25 juin 1998 et l'annonce de la mort du chanteur, des émeutes avaient éclaté au chef-lieu de wilaya. De violents affrontements avec les services de sécurité, ayant duré plusieurs jours, avaient provoqué la mort d'un jeune manifestant. Ce fut le premier signe d'une profonde colère qui allait embraser la région trois ans plus tard, en avril 2001. Tombé dans un guet-apens dressé dans un virage infernal de Tala Bounan, par un groupe armé déterminé et armé jusqu'aux dents, Matoub Lounès faisait la rencontre ultime avec la mort. Il en était revenu plusieurs fois auparavant. En octobre 1988, il avait reçu plusieurs balles à Aïn El Hammam où il accompagnait des étudiants qui distribuaient des déclarations appelant au calme au lendemain des événements qui avaient éclaté à Alger. Matoub Lounès en réchappe après plus d'une dizaine d'interventions chirurgicales. Il revient à la chanson avec la même vigueur et cloue au pilori dans une chanson mémorable le gendarme qui avait mitraillé un chanteur coupable de conduire une voiture un jour d'octobre 1988. Six ans plus tard, en septembre 1994, Matoub Lounès verra aussi la mort de près, dans les maquis terroristes de Kabylie lorsqu'il a été kidnappé pendant deux semaines par un groupe armé. Relâché, il témoignera de son rapt dans un livre et dans des chansons où il alliera l'art à la conscience politique. Son opposition à l'islamisme se durcit. Il sera durement affecté par les rumeurs distillées autour de son enlèvement. Il dira dans une de ses chansons : « Même ce que j'ai vu de mes propres yeux, ils le rejettent et m'accusent de divaguer (ula dhayen zrant walniw...). »