Un seul avocat, le dernier, devrait plaider, ce matin, avant les délibérations. Ce sera l'un des cinq qui défendent l'accusé principal, Abderahmane Achour. “Le procès devait se terminer aujourd'hui, mais les avocats de la défense ont fait que je suis obligé de reporter cela pour samedi”, tels ont été les derniers mots du juge Belkherchi avant de clore la séance d'après-midi de jeudi passé. Ainsi, le procès de la BNA prendra fin aujourd'hui sauf évidement une surprise de taille. Les “remontrances” du juge à l'encontre des robes noires étaient essentiellement dues, comme il l'a lui-même affirmé, au temps que chaque avocat s'est “octroyé” dans sa plaidoirie. La durée n'était pas le seul reproche de la journée. Le juge a également critiqué la manière avec laquelle les avocats ont travaillé en invoquant le manque de coordination entre ceux qui défendent le même client. Il faut dire que la journée de jeudi s'est surtout distinguée par les plaidoiries de pas moins de six avocats pour un seul client, en l'occurrence Benmiloud Mustapha (directeur de l'agence BNA de Cherchell de 1999 jusqu'au 17 juillet 2005). Le “hic”, c'est qu'ils se sont retrouvés, pour la majorité d'entre eux, à répéter presque les mêmes “griefs”. Néanmoins, quelques-unes (des plaidoiries) étaient bien intéressantes à l'instar de celle de Me Benakki. Ce dernier a axé son intervention lors de la séance du matin sur des sévères critiques contre l'expertise sur laquelle le procureur général s'est appuyé lors de son réquisitoire où, rappelons-le, il avait requis 20 ans contre Benmiloud. Tout en défiant les auteurs du rapport, il n'a pas hésité à déclarer : “l'expertise même a besoin d'expertise.” De son côté, Me Mouda est revenu sur les 200 millions de centimes que son client aurait reçus de Abderahmane Achour : “c'est absolument faux cette histoire. Certes, Achour est venu à la banque avec cet argent, mais c'est juste pour le déposer dans son compte. On dit que le fils de mon client a perçu cet argent pour acheter un camion. Il s'agit tout simplement d'un crédit qu'il a reçu de la BNA. N'a-t-il pas le droit d'avoir un crédit ?” La séance de l'après-midi, ouverte à 14h50, a débuté avec les plaidoiries d'autres avocats de Benmiloud. Juste après eux, est venu le tour de Me Alleg, avocat de Bougharnout Ali, chef de service “transferts” à l'agence BNA de Koléa. Revenant au réquisitoire du parquet, il a insisté sur les 20 ans requis contre son client. “Le procureur général lui-même parle de lieutenants dans cette affaire et donc il n'est pas question d'organisateurs. Ce qui veut dire que c'est impossible de demander 20 ans et c'est ça qui confirme que le dossier est vide”. Pour le programme d'aujourd'hui, le juge a donné “rendez-vous” à tout le monde à 9h30. Un seul avocat, le dernier, devrait plaider et ce sera un des cinq qui défendent l'accusé principal, Abderahmane Achour. Juste après, il y aura les délibérations et le verdict devrait tomber dans la journée. D'ailleurs, certains, dont même des avocats, se sont posé la question de savoir pourquoi le juge a laissé un avocat pour le dernier jour, alors qu'il aurait pu le faire “passer” jeudi dernier. Information prise, un ancien du barreau d'Alger nous dira : “c'est tout à fait simple. La loi est claire. Il ne peut pas y avoir de discontinuité entre les plaidoiries et les délibérations. S'il avait laissé tous les avocats plaider, le juge aurait été obligé de délibérer le jour même.”