M. Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République, a indiqué que des filières de passeurs dans la région du Sahel n'hésitent pas à faire jonction avec le terrorisme en pratiquant la prise d'otages et le trafic d'êtres humains. Cette situation a gagné en complexité en raison de la pratique du versement de rançons. Le terrorisme y trouve une nouvelle source de financement. L'Algérie a plaidé, jeudi à Bruxelles (Belgique), pour une approche globale et intégrée de la problématique migratoire, qui respecte la dignité humaine et privilégie un partenariat mutuellement bénéfique entre le Nord et le Sud. “Mon pays est de ceux qui ont toujours considéré que seule une approche globale et intégrée de la problématique migratoire, qui place la personne humaine et ses droits fondamentaux au centre des préoccupations et qui se base sur un esprit de partenariat équilibré et mutuellement bénéfique, pourra nous aider à gérer convenablement et de manière efficiente ce dossier”, a déclaré M. Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République, au forum CransMontana. Participant à un panel intitulé “Migration et sécurité”, M. Belkhadem a relevé “avec regret” la dualité qui caractérise l'engagement pris par nombre de pays de la région (euroméditerranéenne) lors des différentes conférences régionales et internationales consacrées à la migration. Le représentant personnel du chef de l'Etat a relevé à cet égard qu'à un moment où l'ensemble de ces conférences ont conclu à la nécessité du traitement global et équilibré de la migration, révélant parfaitement les limites des solutions sécuritaires, sur le terrain, ce sont ces solutions que ces pays continuent de privilégier. M. Belkhadem a rappelé, dans ce cadre, les conclusions du dernier sommet du Conseil de l'UE (18-19 juin) qui ont appelé la commission à renforcer davantage la lutte contre l'immigration clandestine. “Bien que l'UE préconise une approche qui se veut globale, le socle législatif et réglementaire s'oriente davantage vers une démarche sélective et sécuritaire perceptible à un double niveau”, a-t-il constaté. Cette approche est sélective “parce qu'elle encourage une immigration choisie (...) qui permet aux ressortissants des pays tiers hautement qualifiés de travailler dans les Etats membres de l'UE”, a-t-il expliqué, relevant que “d'aucuns ont considéré qu'elle constitue une forme d'encouragement de la fuite des cerveaux”. Elle est également sécuritaire “parce que l'accent est mis sur les efforts de la lutte contre l'immigration illégale et la mise en place d'un arsenal juridique à travers, d'une part, la "directive retour", et, d'autre part, les engagements contenus dans le "Pacte européen sur l'immigration et l'asile"”, a-t-il ajouté. Au sujet de la “relation migration et développement”, le ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République, a souligné que “le triptyque migration-sécurité-développement” mérite ainsi une approche globalisante, assise sur des méthodes de concertation effectives. Poursuivant son intervention, M. Belkhadem a indiqué que “la situation qui interpelle le plus à cet égard est celle qui prévaut dans les pays du Sahel, une situation exploitée par les filières de passeurs qui n'hésitent pas à faire jonction avec le terrorisme en pratiquant la prise d'otages et le trafic d'êtres humains”. “Cette situation a gagné en complexité en raison de la pratique du versement de rançons. Le terrorisme y trouve une nouvelle source de financement, tout en accentuant le phénomène migratoire en raison de l'insécurité qui règne sur le terreau de la pauvreté”, a-t-il prévenu. Le représentant du président de la République, en s'appuyant sur l'expérience de l'Algérie, devenue, à son corps défendant, un pays d'origine, de transit et d'établissement de la migration, a indiqué que le phénomène migratoire répond à de multiples défis et facteurs qui sont d'ordre tout aussi humain, économique, social que sécuritaire. Partant de ce constat, il a affirmé que l'Algérie continue à penser que la question migratoire devrait d'abord être examinée sous l'angle du développement et de la prise en charge de ses causes profondes. M. Belkhadem a regretté que la migration “ne soit aujourd'hui perçue que péjorativement et qu'elle devienne source d'incompréhension et de différends”. “La migration, ce sont également des opportunités d'échanges, de brassages socioculturels, de participation pleine à la vie politique, économique et sociale, et au développement des Européens. Bref, un facteur de rapprochement qui ne saurait être altéré par l'immigration clandestine que nous combattons, du reste, tous”, a-t-il souligné.