Le ministre d'Etat, Abdelaziz Belkhadem, et représentant personnel du président de la République au Forum de Crans Montana a, plaidé, jeudi à Bruxelles, pour une approche globale et intégrée de la problématique migratoire, affirmant que pour gérer ce dossier il est impératif de mettre au centre des préoccupations le respect de la dignité humaine, ses droits fondamentaux et privilégier un partenariat équilibré mutuellement bénéfique entre le Nord et le Sud. Toujours lors de cette rencontre, Jacques Barrot, président de la Commission européenne en charge de la justice et des affaires intérieures a présidé un panel intitulé "Migration et sécurité" auquel avait participé M. Belkhadem. On soulignera que ce dernier a relevé avec regret la dualité qui caractérise l'engagement pris par nombre de pays de la région (euroméditerranéenne) lors des différentes conférences régionales et internationales consacrées à la migration. Affirmant dans le même sens qu'à un moment ou l'ensemble de ces conférences ont conclu à la nécessité du traitement global et équilibré de la migration, révélant parfaitement les limites des solutions sécuritaires, sur le terrain, "ce sont ces solutions qu'ils (ces pays) continuent de privilégier". Le ministre a, par ailleurs, souligné que de multiples défis et facteurs d'ordre tout aussi humain, économique, social que sécuritaire sont à l'origine de ce phénomène migratoire. Ajoutant que la question migratoire devrait d'abord être examinée sous l'angle du développement et de la prise en charge de ses causes profondes. Avant de déplorer la négligence de cette dernière, perçue péjorativement, et qui devient une source d'incompréhension et de différends, alors que, selon lui, l'existence d'importantes communautés des pays du sud de la Méditerranée établies en Europe, tout autant que le flux important de circulation des personnes entre les deux rives de la Méditerranée, "contribuent à créer un tissu dense de relations humaines qu'il faut valoriser dans le cadre de la promotion des relations d'ensemble entre les pays". Précisant que la migration, c'est des opportunités d'échanges, de brassages socioculturels, de participation pleine à la vie politique, économique et sociale et au développement des Européens, un facteur de rapprochement qui ne saurait être altéré par l'immigration clandestine, combattu de tous, Belkhadem a, dans le même cadre, rappelé les conclusions du dernier sommet du Conseil de l'UE (18-19 juin) qui ont appelé la Commission à renforcer davantage la lutte contre l'immigration clandestine, où le Conseil avait à son tour demandé une réponse déterminée fondée sur la fermeté. D'autre part, Belkhadem constate, malgré l'approche qui se veut globale préconisée par l'UE, que le socle législatif et réglementaire s'oriente davantage vers une démarche sélective et sécuritaire perceptible à un double niveau. Elle encourage une immigration choisie qui permet aux ressortissants des pays tiers hautement qualifiés de travailler dans les Etats membre de l'UE, sans pour autant encourager la fuite des cerveaux, précisant qu'elle est également sécuritaire parce que l'accent est mis sur les efforts de la lutte contre l'immigration illégale, ainsi que la mise en place d'un arsenal juridique à travers, d'une part, la Directive retour et, d'autre part, les engagements contenus dans le Pacte européen sur l'immigration et l'asile, qui généralise l'utilisation des visas biométriques d'ici à 2012, et qui appelle au renforcement des systèmes existants tels que le système d'information Schengen et préconisant la "chartérisation" des opérations d'expulsion des migrants clandestins, notamment. Toujours dans le cadre de son intervention, M. Belkhadem a mis en exergue la situation qui interpelle le plus dans les pays du Sahel, une situation exploitée par les filières de passeurs qui n'hésitent pas à faire jonction avec le terrorisme en pratiquant la prise d'otages et le trafic d'êtres humains. Avant d'ajouter que ce phénomène a gagné en complexité en raison de la pratique du versement de rançons. Par conséquent, le terrorisme trouve ainsi une nouvelle source de financement, tout en accentuant le phénomène migratoire en raison de l'insécurité qui règne sur le terreau de la pauvreté. Malika A.