La rencontre a permis de montrer surtout que le gouvernement ainsi que la société civile ont “une responsabilité” dans la perversion du processus d'ouverture politique. aSi l'on vise le développement politique en Algérie, au sens d'ouverture démocratique et en rapport avec notre “algérianité”, il faudra tenir compte, voire se mettre d'accord sur trois éléments, à savoir connaître quand commence “notre histoire” en tant qu'Algériens, trancher la relation entre la religion et le politique, car “nous avons une religion publique”, et régler la question sur la relation d'avec la guerre de Libération nationale, qui n'est pas l'apanage d'un ou de certains partis politiques. C'est à peu près ce qu'a conclu, jeudi, à la Maison de diocésaine (Alger), Mohamed Hennad, enseignant en sciences politiques à l'université d'Alger, lors d'une journée de réflexion sur le code de conduite pour la pratique politique. La rencontre, organisée conjointement par le Centre d'information et de documentation sur les droits de l'enfance et de la femme (Ciddef) et la fondation allemande Friedrich Naumann, a permis à l'universitaire de s'exprimer sur la situation du multipartisme en Algérie et de montrer surtout que le gouvernement ainsi que la société civile ont “une responsabilité” dans la perversion du processus d'ouverture politique. La preuve, soutient-il, le multipartisme de façade a produit “une régression”, un retour à “l'unicité partisane” et des pratiques politiques reposant sur l'allégeance et la corruption. M. Hennad a cependant admis que “le parasitage politique”, qui se poursuit toujours, était voulu par le pouvoir, permettant ainsi de dévier du multipartisme réel. Selon lui, les bases d'ouverture politique ont fait défaut dès le départ : absence d'un “projet politique national” pour passer vers un système politique démocratique, celle de la confiance et déficience en matière de “préparation” du terrain. Quant à l'Alliance présidentielle, elle aurait pu déboucher sur quelque chose de positif “s'il n'y avait pas eu la volonté de casser les autres partis politiques”. L'intervenant s'est en outre penché sur le problème des dissidences au sein des formations politiques, mettant en exergue la diversité des causes : non-encouragement de l'environnement politique et social, pratique du “zaïmisme”, émergence des ambitions politiques personnelles, tendance au conflit au lieu de la coopération, absence d'un fonctionnement démocratique, etc. Il a également déploré l'usage d'un “discours passéistes”, à travers “l'exploitation des constances nationales”, en observant : “L'identité est dynamique. Le reconnaître nous sortira des surenchères sur ces constances.” Par ailleurs, M. Hennad a insisté sur l'apprentissage de “la culture politique”, appelant à la prise d'“initiatives politiques”, y compris “la constitution d'un cadre de concertation” entre les chefs des partis politiques, sur les grandes questions nationales et internationales, pour contribuer à la création d'un environnement politique sain et “faire pression sur le gouvernement”. “Les partis de l'opposition doivent prendre leurs responsabilités et dépasser leurs différends”, a-t-il indiqué, assurant que “l'important n'est pas d'être tolérant, mais de respecter l'autre”. Le séminaire de jeudi a aussi été une opportunité, pour d'autres universitaires, pour des chercheurs du Cread, des cadres associatifs, des représentants de partis politiques, des syndicalistes et des journalistes, de faire le point, notamment sur l'état de “la société civile”, un concept étroitement lié à la logique démocratique et à celle des valeurs universelles (droits humains, droit de réunion et d'association… ), mais qui n'est pas nécessairement bien assimilé par certains participants. “Nous sommes dans une phase d'apprentissage. Aujourd'hui, le mouvement associatif est à la recherche de valeurs, d'une éthique et d'une déontologie. Il faut qu'il s'interroge sur son fonctionnement et sa relation avec les pouvoirs publics”, a affirmé Nadia Aït-Zaï, avocate et directrice du Ciddef. Cette dernière reste convaincue que “la construction de la démocratie est déterminante”, car elle ouvre la voie aux débats, à la transparence, à l'organisation et à la structuration des projets à mettre en œuvre ensemble, tout en veillant à ce que “l'intérêt privé ne prime pas sur l'intérêt commun”.