Cette table ronde, initiée par le Centre de recherche pour le développement international, s'inscrit dans le cadre d'une étude globale qui se veut un coup de loupe sur les partis politiques dans le monde arabe, à l'épreuve de la démocratisation. Le Centre libanais d'études politiques (LCPS), en partenariat avec le Centre de recherche pour le développement international (CRDI, Canada), a initié avant-hier après-midi, une table ronde consacrée aux partis politiques algériens, à l'hôtel Hilton (Alger). La rencontre “publique” a été animée par 4 universitaires et chercheurs algériens : Amel Boubekeur, Louisa Aït Hammadouche, Yahia Zoubir et Mohammed Hennad. Le rendez-vous du Hilton s'inscrit en fait dans le cadre d'une “initiative spéciale” du CRDI qui finance, depuis avril 2006, le projet de recherche du LCPS sur les “partis politiques dans le monde arabe”. Celui-ci a ciblé 6 pays : l'Algérie, le Maroc, le Liban, Bahreïn, l'Irak et le Yémen, et devra s'achever en novembre prochain. Selon Charaf Ahmimed, administrateur au CDRI, le choix des pays s'est fait “sur la base d'une expérience multipartite et de vie électorale”. D'après lui, le projet a intégré une première étape (avril 2006-novembre 2006) qui a “porté sur l'état des lieux des partis politiques, la compréhension de leur structure, le cadre légal, le financement et l'évolution idéologique”. Quant à la seconde phase, qui se terminera en novembre, elle concernera “3 études de cas par pays : un parti politique nationaliste, un parti islamiste et un parti émergent ou nouveau” . Pour le cas de l'Algérie, les études de cas porteront sur les formations politiques de l'alliance présidentielle (FLN, RND et MSP). “La rencontre d'aujourd'hui (de lundi dernier, ndlr) a pour but de soumettre les premiers résultats des écrits à la société civile et d'être à l'écoute des autres”, a expliqué M. Ahmimed, sans oublier de rappeler toutes “les rencontres privées et les entrevues avec les chefs des partis, les chercheurs et spécialistes de la question”, effectuées par l'équipe algérienne travaillant pour le compte du LCPS. L'administrateur a, en outre, révélé qu'une fois les analyses finalisées, une rencontre sera organisée à la fin de l'année, probablement dans la capitale libanaise, pour présenter les conclusions de leurs travaux et les recommandations, en présence des gouvernements, des partis politiques, des représentants de la société civile et d'experts arabes. “Les conclusions et les recommandations seront remises aux décideurs concernés, aux partis politiques, aux médias et aux organisations internationales, y compris de l'ONU et les ONG des droits de l'Homme”, a précisé Charaf Ahmimed. Ce dernier a, par ailleurs, annoncé que la réalisation du projet sur les partis politiques arabes vise à “alimenter le débat politique sur la réforme des partis politiques, leur rôle dans la démocratisation dans la région”. Cet objectif est évidemment partagé par le Centre libanais d'études politiques qui, lui, espère que le projet viendra “enrichir les connaissances sur le rôle des partis politiques (y compris les partis islamistes) dans des contextes de transition vers la démocratie et d'après-guerre”. Seulement, il faut savoir que le projet ne s'arrêtera pas au constat ou à l'analyse comparative dans les pays arabes, puisque ses initiateurs ambitionnent de recourir à “la comparaison d'exemples de formation de partis politiques en Europe de l'Est, en Amérique latine et en Turquie” et d'examiner “la manière dont les partis islamistes influencent la politique”. Il est même prévu “la création d'un site Web sur les partis politiques”, de même que “la publication de monographies, d'exposés et de livres contenant des recommandations politiques sur la réforme des partis politiques”. Pour ce qui est de la rencontre du Hilton, elle a permis à l'équipe algérienne de présenter ses études de cas, ce qui a suscité un débat très riche qui a duré près de six heures, mais en l'absence des partis politiques concernés, alors qu'ils étaient invités. Dans leurs exposés, les intervenants ont affirmé que “le FLN de la guerre a réussi son premier pari : la victoire contre le colonisateur”, en ratant “le passage de la légitimité historique à une légitimité constitutionnelle, encore moins une légitimité démocratique”. D'aucuns ont relevé l'inexistence de “vrais partis politiques en Algérie, en l'absence de forces politiques organisées et de pactes négociés avec le pouvoir”. D'autres ont soutenu, en revanche, que “l'avenir du système politique dépendra de celui du FLN”, estimant que “la démocratisation” du parti résultera de l'action que mènera une “aile réformiste et moderniste dans ce parti”. Concernant le RND, cette formation a été qualifiée d'“instrument utilisé pour gérer les crises”, voire d'“instrument de compromis entre certaines tendances au pouvoir”. Quant aux partis islamistes, en particulier le MSP et El-Islah, ils apparaissent comme “le résultat d'un processus de fermeture ou d'ouverture” et n'agissent pas en “acteurs religieux”. Aujourd'hui, les partis islamistes et la daâwa salafiya semblent avoir tiré les leçons et l'essentiel pour eux est “la réislamisation de la société”, seul moyen d'arriver au pouvoir. H. Ameyar