La mission du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, chargée d'enquêter sur d'éventuelles violations commises pendant l'offensive israélienne dans la bande de Gaza, a commencé hier ses auditions de témoins à Gaza. Dirigée par Richard Goldstone, ex-procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie et pour le Rwanda, elle doit remettre son rapport final lors de la 12e session du Conseil des droits de l'homme en septembre. Elle est censée faire la lumière sur "toutes les violations" supposées commises durant l'offensive israélienne menée du 27 décembre au 18 janvier en réponse aux tirs de roquettes palestiniennes contre l'Etat hébreu. Les enquêteurs ont prévu d'interroger publiquement à Gaza des dizaines de victimes et d'experts concernant l'offensive "plomb durci" qui a fait plus de 1 400 morts côté palestinien, en majorité des civils, selon les services d'urgence palestiniens, et provoqué d'énormes dégâts dans le territoire. Côté israélien, 10 militaires et 3 civils ont été tués, selon les chiffres officiels. L'un des premiers à témoigner a été dimanche un nonagénaire, Musa Silawi, qui a relaté le bombardement par l'armée israélienne d'une mosquée dans la localité de Jabaliya, où 17 personnes dont son fils et quatre autres membres de sa famille sont morts. "Après la prière du soir, nous avons entendu l'explosion d'un obus qui avait frappé la mosquée. Nous n'avions aucune idée de ce qui se passait et avons crié +Allah, vient nous en aide !+", a-t-il déclaré, confiant qu'à 91 ans passés il n'avait "jamais assisté à telle catastrophe". Un autre témoin, Mahmoud Daher, employé à Gaza par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a décrit les difficultés rencontrées par les infirmiers pour soigner les blessés. "C'était très dangereux pour les services d'urgence de circuler sur les routes en dépit des tentatives de coordonner (les secours) avec l'armée israélienne", a-t-il expliqué, indiquant que 16 infirmiers avaient trouvé la mort durant l'offensive et que 20 ambulances avaient été détruites. Les audiences publiques doivent durer deux jours au QG de l'UNRWA, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, à Gaza ville, puis à Genève dans la semaine qui suit. La mission avait souhaité se rendre dans le sud d'Israël pour recueillir les témoignages de victimes de tirs palestiniens, mais s'est heurtée à une fin de non-recevoir des autorités israéliennes qui l'accusent de parti pris pro-palestinien. La mission de l'ONU a effectué sa première visite à Gaza du 1er au 5 juin, au cours de laquelle elle a visité 14 sites dans Gaza ville et dans le nord du territoire.