Il est urgent de rouvrir la piscine municipale, située en contrebas de l'hôtel Rostémides, dont la réouverture promise chaque année est reléguée aux calendes grecques. “Inadmissible !”, “impensable !”, “ce n'est pas possible !”, sont les termes qui reviennent le plus dans nos discussions avec les jeunes qui s'insurgent contre leur marginalisation et leur situation de laissés-pour-compte par les responsables locaux. Cette grogne récurrente est ressortie chaque année à l'orée de la saison caniculaire qui assomme cette région et où le thermomètre flirte avec les 42/45 degrés Celsius. En effet, et depuis la fermeture depuis plus de quatre ans, pour des raisons non convaincantes et arguments antithétiques de l'unique et antique piscine municipale située en plein centre ville, les jeunes de Ghardaïa, sont depuis, confrontés au parcours du combattant pour atteindre celle de Noumérate, et la seule, située sur le territoire de la daïra, à près de 10 kilomètres sur la RN01, vers Ouargla. En effet, pour l'atteindre et ce n'est sûrement pas une sinécure, il faut, en sus de débourser 100 DA en aller et retour par bus, trouver le moyen de transport pour y arriver, ce qui n'est pas du tout évident, loin de là. Car, en effet, dès que le soleil pointe au zénith, toute forme de circulation routière est quasiment suspendue, aucun bus, ni taxi en vue. La vallée du Mzab s'enfonce dans une quasi totale torpeur, envoyant la majorité de sa population de les bras de Morphée, pour une sieste ô combien réparatrice. Ce qui fait dire à certains : “N'ont-ils pas fait exprès d'éloigner au maximum l'implantation de ce bassin d'eau pour nous en priver et l'utiliser ad libitum pour leurs enfants.” Et d'ajouter : “Il n'y a qu'à voir le nombre de véhicules appartenant à l'Etat qui viennent déverser et reprendre les enfants des responsables locaux pour s'en convaincre.” “Quelques fois c'est même des enfants de gros pontes de l'administration locale qui conduisent les véhicules alors que les chauffeurs occupent les sièges passagers”, explique-t-on. Et quand bien même quelques “kamikazes” y arrivent au prix d'une insolation, l'enceinte leur serait fermée au nez au motif de saturation. “Nous n'avons pas les moyens de nous rendre sur la côte et de faire trempette dans la mer Méditerranée. Nous sommes issus de couches sociales moyennes, sans grands revenus. Est-ce que le besoin de faire trempette dans une piscine ne peut être que l'apanage des puissants et de leur progéniture ?” soupire Adel, entouré de ses copains Hamza, Belkheir et Billal. Ce dernier, avec un sourire narquois, lui répond : “Nous la verrons bien un jour cette mer si nous décidons de nous muer en harragas. Ce qui n'est pas du tout à exclure au train où vont les choses et de la position où veulent nous maintenir nos responsables.” Sur ce, arrive Nassim, étudiant en droit à l'université de Ouargla : “Je suis scandalisé par ces pratiques tendant à faire introduire uniquement les enfants de riches et de responsables au motif qu'ils soient préalablement inscrits. Et les autres alors ? Est-ce qu'ils devront aller se faire noyer dans une mare ou une retenue d'eau ?” Puis calmement, il propose “que les responsables en charge de cette infrastructure aquifère revoient le programme des entrées pour le public et celui des entraînements des sportifs, de manière à satisfaire le maximum de jeunes en quête de fraîcheur et de trempette”. Il est urgent de rouvrir la piscine municipale, située en contrebas de l'hôtel Rostemides, dont la réouverture promise chaque année est reléguée aux calendes grecques. L'accélération de la réalisation et surtout de la mise en service de celle de Bounoura permettra, à coup sûr, de desserrer l'étreinte sur celle de Noumérate. Les jeunes de cette région ont en grandement besoin et ils le méritent.