Alors que le dossier du nucléaire iranien, toujours en suspens, sera au centre des discussions que tiendra à partir d'aujourd'hui le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique avec les dirigeants de ce pays, Téhéran défraie à nouveau la chronique en annonçant les essais concluants de ses missiles d'une portée de 1300 km avec une charge de 800 kg. L'inquiétude a gagné les officiels israéliens, lorsque les Iraniens ont officiellement rendu publique la réussite des tests du missile balistique Shahab 3, qui peut atteindre Israël. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien qui a donné l'information a ajouté que cela permet de livrer le missile aux forces armées de son pays. Si l'annonce n'a pas surpris, il n'en demeure pas moins que le moment est jugé inopportun, car cela intervient au moment où le différend sur l'armement nucléaire iranien est loin d'être réglé. C'est aujourd'hui que le dossier sera examiné entre le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohammed El-Baradeï, et les responsables iraniens. Avant son départ hier pour Téhéran de Vienne, le patron de l'AIEA a annoncé qu'il pressera ses interlocuteurs d'autoriser rapidement l'inspection de leurs installations nucléaires. Ces derniers ont refusé jusqu'à maintenant de parapher le protocole additionnel du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), comme le demande l'AIEA et la communauté internationale. Ce protocole, qui autorise un contrôle plus poussé par notamment des inspections surprise des installations nucléaires iraniennes, est rejeté par Téhéran. Le régime des mollahs ne veut pas entendre parler de l'exigence de signer d'abord le protocole additionnel avant de discuter. Pour eux, ce n'est qu'à l'issue des discussions avec El-Baradeï que la signature du document se fera. Toute la pression de la communauté internationale n'a pas fait évoluer d'un iota la position de l'Iran, qui demande une “aide de l'Occident pour développer son programme nucléaire civil”. La nouvelle de l'essai réussi du missile balistique, dont on ignore encore s'il peut transporter une charge non conventionnelle (chimique ou bactériologique), a mis en émoi tout Israël. Le porte-parole du gouvernement israélien a traduit l'inquiétude prévalant dans son pays à travers sa déclaration à la presse : “C'est très préoccupant, surtout quand nous savons que l'Iran cherche à se doter de l'arme nucléaire”, avant d'ajouter : “Nous avons fait part de ces inquiétudes à nos amis américains et européens. Il faut tout faire pour empêcher l'Iran de posséder l'arme nucléaire. La combinaison de ce vecteur, le Shahab 3, et de l'arme nucléaire sera extrêmement grave pour la stabilité de la région.” Les Israéliens, rassurés par la chute de Saddam Hussein, replongent dans la peur plus rapidement que prévu, même s'ils se doutaient que le régime des mollahs n'avait pas cessé ses recherches dans les domaines balistique et nucléaire. Ils suivaient, certes, de prés l'évolution des recherches, mais ne s'attendaient apparemment pas, au vu de leur réaction empreinte de peur et de surprise, à voir l'opération aboutir aussi rapidement. L'Etat hébreu, qui accuse l'Iran de financer et d'encourager les attentats des groupes armés radicaux palestiniens, attend une réaction rapide des Etats-Unis et de ses alliés européens pour empêcher Téhéran de réaliser son programme balistique et nucléaire et écarter cette autre épée de Damoclès désormais suspendue au-dessus d'Israël. L'Iran revient au-devant de la scène. Il fera certainement l'objet de pressions pour abandonner ses projets. Le cas échéant, l'exemple de l'Irak étant encore frais dans les esprits, le recours à la force pour le faire plier n'est pas exclu, surtout que Washington en fait, au même titre qu'Israël d'ailleurs, son ennemi numéro un. K. A.