Le programme nucléaire iranien, que les capitales occidentales soupçonnent d'être un paravent pour permettre au régime islamique de se doter de l'arme atomique et que Téhéran affirme purement civil, sera au centre de la réunion d'automne de l'Aiea à Vienne cette semaine. Les 35 membres du conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) se réunissent à partir d'aujourd'hui alors que le directeur général sortant Mohamed El Baradei a été accusé de ne pas publier tous les documents qui permettraient d'établir la nature militaire des projets iraniens. De son côté, l'Iran a réitéré ses accusations contre les services secrets américains d'avoir produit des documents falsifiés pour prouver cette composante militaire présumée de leur programme qui ne vise, selon Téhéran, qu'à produire de l'électricité. «Le gouvernement des Etats-Unis n'a pas transmis à l'agence des documents authentiques car il ne dispose pas de documents crédibles et tous les documents ont été falsifiés», a écrit l'ambassadeur iranien auprès de l'Aiea, Ali Asghar Soltanieh dans une lettre à M.El Baradei. M.Soltanieh y a aussi accusé «les ambassadeurs des Etats-Unis, de France et du Royaume Uni (...) de poursuivre des motivations politiques». A Washington, un responsable américain a qualifié samedi les accusations de falsification de «sans fondement». «L'Aiea elle-même a accepté ces documents comme crédibles», a-t-il dit sous couvert de l'anonymat. Ces prétendues études réfutées par les Iraniens émanent de plusieurs services de renseignements et suggèrent que l'Iran tente de fabriquer des ogives nucléaires, qu'il enrichit de l'uranium à cette fin et effectue des essais de missiles. «Malheureusement, l'Agence n'a pas été capable d'engager l'Iran dans des discussions sérieuses sur ces questions depuis plus d'un an», a souligné le directeur général dans son rapport regrettant le manque de coopération de Téhéran. Plusieurs séries de sanctions imposées par le Conseil de sécurité des Nations unies contre l'Iran n'ont rien donné et l'Aiea n'a toujours pas apporté, alors qu'elle travaille depuis près de six ans sur le dossier, la preuve irréfutable que Téhéran fabrique sa bombe nucléaire. Pourtant les dirigeants iraniens ont qualifié le dernier rapport de l'Agence de «positif» parce que le texte fait état d'un ralentissement de la production d'uranium enrichi dans des centrifugeuses dans le centre nucléaire de Natanz, ralentissement constaté depuis le rapport publié en juin. Toutefois, selon des diplomates occidentaux ayant requis l'anonymat, il se pourrait bien que cette réduction soit due à des pannes d'électricité répétées. Selon un autre diplomate, le décompte des centrifugeuses en service ne correspond qu'à une seule journée d'inspection, le 12 août dernier à Natanz. «Depuis, le nombre (des centrifugeuses) a peut-être augmenté», a-t-il suggéré. L'uranium enrichi sert de combustible pour les centrales nucléaires mais également de matière première pour fabriquer l'arme atomique. Il y a un an, le Conseil de sécurité de l'ONU avait déjà exigé de Téhéran l'arrêt de ces activités. Par ailleurs, les gouverneurs de l'Aiea vont aborder les accusations récentes formulées par Israël et la France que M.El Baradei ne publierait pas la totalité des documents concernant ce programme controversé. M.El Baradei, qui quitte son poste le 30 novembre prochain, a été souvent accusé, notamment par Washington, de ne pas être assez sévère avec l'Iran.