Une délégation de Sahraouis des territoires occupés du Sahara occidental, pour la plupart des militants des droits de l'Homme, séjourne pour la première fois dans la capitale algérienne. Ces Sahraouis sont venus sur invitation du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS), à l'occasion de la célébration de la fête d'Indépendance et de la tenue du 2e Festival panafricain. Hier, dix d'entre eux, dont deux femmes, ont animé une conférence de presse au siège du CNASPS. Une conférence à laquelle ont participé, outre les médias algériens, de nombreux autres journalistes africains, dont ceux de la radio et de la toute nouvelle télévision de la République arabe sahraouie et démocratique (RASD). Les dix invités de l'Algérie ont tous pour dénominateur commun l'appartenance à la résistance populaire ou l'Intifadha qui se poursuit, depuis 2005, dans les territoires du Sahara occidental sous occupation marocaine, pour faire valoir le droit des peuples à l'autodétermination et à l'indépendance. Dans le groupe, on notera la présence de défenseurs sahraouis des droits humains qui ont beaucoup fait parler d'eux et qui ont suscité un vaste mouvement de solidarité. C'est le cas notamment de Ali Salem Tamek, 37 ans, l'ex-prisonnier politique qui a défrayé la chronique avec ses prises de position indépendantistes et ses 22 grèves de la faim à l'intérieur des prisons marocaines, ainsi que Brahim Dehane, 44 ans, également ancien prisonnier politique et ex-disparu sahraoui. Parmi les autres Sahraouis présents, on citera, entre autres, Sakina Djid-Alhou, qui a vécu 10 années de disparition forcée (de 1981 à 1991), Anguia Chikhi, qui a été jetée en prison en 2006 et en 2008, Naâma Asfari, qui a été également emprisonné de 2007 à 2008, ainsi que le jeune Mami Amar Salem, expulsé de force de Dakhla, qui est revenu chez lui pour se battre aux côtés des militants sahraouis des droits de l'Homme (CODESA). “Nous sommes ici, à Alger, pour témoigner de la résistance pacifique, engagée dans le cadre de la libération nationale sahraouie, qui a lieu de l'autre côté du mur. Nous sommes là pour exprimer à tous, particulièrement au Maroc, l'unité du peuple sahraoui, sous le drapeau du Front Polisario, qui est notre représentant unique”, a révélé Naâma Asfari. Le président du Comité de défense des libertés et des droits humains a, en outre, observé que les Sahraouis sont confrontés non seulement à l'occupation illégale du Maroc, mais aussi au blocage provoqué par de grandes puissances occidentales. “Les négociations entamées entre les deux parties en conflit doivent respecter notre droit à l'autodétermination et à l'existence”, a-t-il déclaré, en appelant à un soutien plus conséquent de l'Afrique. Le militant Ali Tamek a, pour sa part, fait remarquer la faisabilité de l'Etat sahraoui indépendant, rappelant que des “micro-Etats” existent dans le monde, notamment en Europe et au Golfe. Selon lui, l'Etat sahraoui existe déjà, dès lors que la RASD, membre de l'Union africaine, est reconnue par plus de 80 Etats dans le monde et qu'elle évolue dans une partie de son territoire, appelée territoires libérés. Quant à Mami Amar Salem, il a indiqué que “la direction du Polisario reste encore attachée à la voie pacifique”, sans pour autant exclure les autres formes de lutte pour l'indépendance nationale, légitimées par la légalité internationale. “Notre mission est d'éclairer l'opinion publique algérienne et africaine sur le mouvement de résistance dans les territoires occupés, et sur ce que nous endurons sous la colonisation marocaine. Vous êtes donc les témoins au cas où il nous arriverait quelque chose en rentrant chez nous”, a ajouté l'intervenant. H. Ameyar