L'été 2009 au cœur de la ville d'Oran sera très chaud, pas seulement à cause de la hausse des températures qui culmine à plus de 30° depuis plusieurs jours, mais également parce qu'il va être mal venu de rester cet été dans la capitale de l'Ouest. Les heureux Oranais, qui ont la possibilité et les moyens d'aller avec leur famille ailleurs en Algérie et, encore mieux, à l'étranger, ne se feront pas prier deux fois cette année. En effet, l'on s'attend, à Oran, en matière de régulation de la circulation, à vivre le calvaire, et les automobilistes vont devoir s'agripper sacrément à leur volant et invoquer toute la sagesse des hommes pour ne pas virer au rouge. En effet, la saturation du réseau routier en ville, qui est, d'année en année, plus difficile à gérer et à supporter, fera, cet été, grimper la tension des automobilistes et des usagers des transports publics. En plus de l'arrivée des émigrés, le planning des travaux du tramway qui vient d'être rendu public est le dernier coup de grâce. Ainsi, plusieurs boulevards, et des plus importants, seront fermés à la circulation et ce, pour une durée de 18 mois. Ainsi, les rues de Mostaganem, l'avenue St-Eugène, le boulevard Maâta, ect. ne pourront plus être empruntés et connaîtront des déviations importantes, notamment pour les lignes de bus. Se rendre au centre-ville sera un parcours laborieux qui prendra des heures pour les automobilistes et surtout pour les usagers des transports publics qui résident à la périphérie d'Oran. Les coups de chaleur, les klaxons et les coups de gueule vont être d'un spectacle détonnant durant cet été. Un spectacle qui, le soir tombé, s'apaisera au fur et à mesure que la brise marine, plus fraîche, se glissera dans les rues et les quartiers. Mais ce soulagement pour les Oranais ne sera qu'un répit de courte durée, car, à la tombée de la nuit, les images d'épinal de ville méditerranéenne, où il fait bon vivre en toute convivialité avec la fraîcheur retrouvée, s'affaissent comme un rien, comme une glace au soleil, nos concitoyens vont se livrer une autre bataille. La guerre des moustiques et des odeurs nauséabondes va être l'univers impitoyable durant une grande partie de la nuit. En dépit des caves inondées qui ont été vidangées (plus de 150) à travers plusieurs secteurs urbains, les moustiques prolifèrent et règnent en maître. Même il semble que les habitants doivent faire face à une sorte de moustique mutant qui résiste aux insecticides, aux pastilles, etc. Ne reste que la classique sandale qui permet d'écraser une bonne fois pour toutes cet extraterrestre de moustique oranais. Tapisser son mur ainsi n'est pas très propre ni d'un goût artistique à promouvoir, mais les Oranais font avec les moyens du bord depuis longtemps. Cela fait des années que les APC ne pulvérisent plus de produits insecticides les quartiers au moment de la ponte de moustique et que les amoncellements d'ordures dans les rues et les cités en ville, à la campagne assurent la prolifération des insectes, des parasites en tous genres. Alors, quand on voit, dans certains quartiers, des médecins bénévoles qui font de la proximité pour “Oran ville propre” en rappelant les comportements de base d'hygiène publique, l'on a plutôt l'impression de se voir plonger dans un monde kafkaïen. DJAMILA LOUKIL