Pourquoi le prix du billet d'avion vers l'Algérie à partir de Londres est-il si cher ? Il peut atteindre jusqu'à 500 livres (environ 70 000 DA) sur Air Algérie. Zoheir Aouaoui, représentant de la compagnie au Royaume-Uni, est constamment confronté à cette question qui, bien évidemment, prend la forme d'un reproche dans la bouche des clients. Pour y répondre, il cite un certain nombre de paramètres se rapportant au coût des prestations et aux prix pratiqués par la concurrence. Le seul concurrent d'Air Algérie sur cette desserte est British Airways (BA) à qui il arrive de pratiquer des prix encore plus onéreux. Simulant une réservation sur Internet pour l'été, M. Aouaoui a trouvé une place sur un vol direct en aller-retour à 800 livres. Cependant, il reconnaît qu'un plus grand nombre de compatriotes optent pour la compagnie britannique. Trois raisons expliquent leur choix. La première évoque une ruse commerciale. Pour attirer la clientèle émigrée, British Airways sous-traite la vente des billets auprès d'une agence, Master-fare, qui opère en qualité de consolidateur. British Airways lui vend un quota de billets qu'elle cède aux clients à un moindre prix. D'aucuns y verront une concurrence déloyale de la part de la compagnie britannique, mais M. Aouaoui s'abstient du moindre commentaire. Il préfère citer un second motif qui, selon lui, explique la popularité de British Airways auprès de la communauté algérienne. Le transporteur fait preuve d'une grande indulgence dans le traitement des excédents de bagage. BA facture à 34 livres tout bagage supplémentaire — peu importe son poids — alors qu'Air Algérie fait payer à ses passagers 4,90 livres — au lieu de 7 livres auparavant — pour chaque kilo en trop. Selon M. Aouaoui, la compagnie nationale ne peut pas céder davantage sur la facturation des excédents de bagage. Car, contrairement aux avions de la compagnie britannique, les siens transportent du fret, quelquefois urgent, comme les dépouilles mortelles ou des produits pharmaceutiques pour des grands malades. En outre, l'offre de BA comporte des désagréments, dans la mesure où les bagages supplémentaires ne sont pas embarqués sur le même vol que leurs propriétaires, les contraignant à retourner à l'aéroport pour les récupérer. Mais cela ne semble pas les déranger outre mesure. De même, ils ne sont guère incommodés par l'indigence de la qualité du service à bord des avions de la compagnie britannique. Sur Air Algérie, les passagers ont, en effet, droit à des plateaux de repas chauds. Ce qui n'est pas le cas avec BA qui remporte, toutefois, la bataille du ciel en faisant valoir un ultime atout et non des moindres : la ponctualité de ses vols. S'exprimant sur ce dernier point, le représentant de la compagnie nationale au Royaume-Uni assure que de grands efforts ont été déployés afin de parvenir à ce que tous les avions partent à l'heure. Pour fidéliser sa clientèle, l'escale de Londres doit surtout améliorer le rapport qualité-prix. À cet effet, elle est en charge d'appliquer une tarification plus compétitive. Les grandes lignes de cette politique ont été tracées à Alger par la direction de gestion des revenus. Elle consiste globalement en le remplacement des tarifs uniques par une fourchette de prix préférentiels, ciblant des clients de différentes catégories. En période de pointe (la saison estivale), les cabines des avions sont subdivisées en sept classes tarifaires. Chaque compartiment porte une lettre de l'alphabet. La classe W correspond au tarif le plus bas, destiné aux familles. Il oscille entre 281 et 285 livres. Selon M. Aouaoui, ce prix vise à permettre aux couples avec enfants de voyager à moindre frais. L'année dernière, un seul vol, celui de vendredi à bord d'un gros-porteur, prévoyait des sièges pour la classe W. À partir de cet été, toutes les dessertes en seront dotées, avec un taux d'occupation de 30%. Néanmoins, les familles désireuses d'acquérir des billets doivent s'y prendre tôt. Le délai pour les réservations est fixé entre février et mai. Le critère de la priorité s'applique aussi aux autres classes. “Celui qui achète suffisamment tôt son billet pourra bénéficier de meilleures prestations tarifaires”, explique M. Aouaoui. Toutefois, les tarifs les moins chers comportent souvent des contraintes. Ils ne sont pas remboursables et le changement des dates de départ par le client implique le payement d'une pénalité d'un montant de 50 livres. Faisant le bilan des ventes depuis le début des réservations pour la saison estivale, le représentant d'Air Algérie estime que 80% des engagements ont été tenus. “Nous avons fait une bonne vente”, fait-il remarquer. Si l'introduction de tarifs promotionnels a attiré du monde, elle n'explique pas tout. En l'absence de concurrents — des compagnies privées, low cost et charters —, le transporteur algérien et British Airways exercent un véritable monopole et maintiennent les prix à un niveau élevé. S. L.-K.