Plus de 30 000 Chinois travaillent en Algérie et des contacts ont déjà été pris avec les walis pour assurer leur sécurité. “Nous resterons en Algérie et nous continuerons à travailler ensemble”. Et d'ajouter : “Nous réaliserons les projets dont nous avons la charge en Algérie et rien ne pourra nous changer d'avis.” Telles ont été les premières réactions de Ling, premier secrétaire de l'ambassade de Chine à Alger, lors d'un entretien téléphonique à propos des menaces qu'auraient lancées Al-Qaïda au Maghreb. Toutefois, le responsable chinois a admis que les choses ont changé. “Nous avons tout de même pris note”, en précisant que “nous avons pris contact avec les autorités algériennes pour renforcer les mesures de sécurité de tous les ressortissants chinois”. L'ambassade de Chine a rendu public un communiqué dans lequel elle “appelle particulièrement les entreprises chinoises et leurs personnels à veiller davantage à leur sécurité et à renforcer les mesures de sécurité”, en leur indiquant de rapporter immédiatement “toute situation d'urgence”. Mardi dernier, Qin Gang, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a déclaré que “nous allons suivre de près la situation et faire des efforts conjoints avec les pays concernés pour prendre toutes les mesures nécessaires afin d'assurer la sécurité des institutions et des ressortissants chinois à l'étranger”. Ces avertissements des officiels chinois sont dus, selon eux, aux violences qui opposent les Han (ethnie majoritaire en Chine) et les Ouïgours (ethnie turcophone et musulmane) qui ont fait, officiellement, au moins 184 morts et 1 680 blessés. Le seul qui a évoqué les menaces d'Al-Qaïda est le premier secrétaire de l'ambassade. Tout en admettant qu'il ne négligeait pas ce point. M. Lin a tenu à atténuer ses propos. “Pour le moment, il est question uniquement d'un article, pas plus et je ne peux pas vous dire si c'est vrai ou non. On ne va pas prendre de risques et on va prendre toutes les mesures de sécurité possibles”. Il nous précisa qu'“il y a plus de 30 000 Chinois en Algérie répartis sur une trentaine de wilayas. Ce renforcement de sécurité touchera tous les Chinois où ils se trouvent en Algérie et pour cela nous avons déjà pris contact avec les walis”. Revenant sur l'attentat du 18 juin dernier à Bordj Bou-Arréridj, qui avait fait 18 morts parmi les gendarmes, M. Ling a rappelé que “cette attaque ne ciblait pas les Chinois. C'est d'ailleurs après avoir déposé nos travailleurs que le convoi a été attaqué. Malgré cela, l'ambassadeur s'est déplacé sur place et a remis au wali la somme de 300 000 DA pour les familles des victimes”. Sur les menaces terroristes, un cabinet d'analyse des risques Stirling Assynt, basé à Londres, a indiqué dans son récent rapport qu'Al-Qaïda au Maghreb a menacé de s'en prendre aux intérêts chinois en Afrique du Nord “pour venger les musulmans de la province de Xinjiang”. Le terrorisme a également été invoqué dans le communiqué de l'ambassade de Chine à Alger pour expliquer la situation qui prévaut à Urumqi (capitale du Xinjiang). “Il ne s'agit pas d'une question de race ou de religion, mais ce sont des actes de graves violences criminelles organisées avec minutie par les trois forces : les forces terroristes, les forces sécessionnistes nationalistes et les forces intégristes religieuses”. Ces nouvelles donnes viennent ainsi “toucher” l'un des principaux partenaires économiques du pays. En 2008, la Chine était le troisième fournisseur commercial de l'Algérie avec plus de 3,9 milliards de dollars. Lors de la dernière Foire internationale d'Alger, en mai dernier, la Chine a réussi à déclasser, pour la première fois depuis la création de ce rendez-vous économique, la France qui y a participé avec 135 entreprises. Comme l'a rappelé le premier secrétaire de l'ambassade. “Notre communauté ici est la plus importante en Afrique et nous avons beaucoup de projets en commun.” Ce partenariat concerne plusieurs secteurs. Le projet le plus “visible” reste sans aucun doute celui de l'autoroute Est-Ouest. Le groupement Citic-CRCC s'est assuré les lots centre (169 km) et ouest (359 km) et les travaux devraient prendre fin à la fin de l'année. La future autoroute des Hauts-Plateaux (qui devrait coûter environ 8 milliards de dollars) est aussi dans la ligne de mire des Chinois. En plus des travaux publics, les Asiatiques ont également pu décrocher plusieurs contrats dans plusieurs autres secteurs tels que l'hydraulique et les chemins de fer. À la fin du mois dernier, la Société de construction de génie civil de la Chine, CCECC, et son associé turc Ozgun ont obtenu un contrat d'un montant de 1,8 milliard d'euros pour la construction d'une nouvelle ligne de chemin de fer de 175 km entre Thénia et Bordj Bou-Arréridj. Salim Koudil