Ce nouvel hôpital devrait être livré en novembre 2003. La dernière sortie, à Oran, jeudi, de M. Aberkane, le ministre de la Santé et de la Population, avait des relents très politiques alors qu'il venait juste pour inspecter le chantier du nouveau CHU de I'Usto, un établissement de 500 lits et de 24 services d'hospitalisation. En effet, ce projet, confié à une entreprise chinoise, la CSCEC, a dès le départ était “politique”. Les travaux ont été lancés très officiellement par le président Bouteflika en juin 2000. Le chef de I'Etat avait insisté sur deux points : une inauguration symbolique pour la date du 1er novembre 2002 et une gestion en partenariat, car c'était le premier CHU que l'Algérie construisait depuis l'Indépendance. Même le choix de l'entreprise chinoise avait obéi à des considérations politiques. Malheureusement, jeudi à Oran sur le site du chantier, la grande entente algéro-chinoise et les mérites de l'entreprise CSCEC ont été battus en brèche par un Aberkane qui ne cessait de répéter : “Il y a de grandes responsabilités en jeu...” en constatant l'énorme retard dans l'avancement des travaux et les malfaçons déjà relevées. En effet, la première date de livraison de l'hôpital était pour novembre 2002. Les Chinois ont renégocié un prolongement et aujourd'hui la dernière date qui a été donnée est le 23 octobre 2003, soit plus d'un an de plus. Mais à l'évidence, l'entreprise chinoise ne pourra tenir ses engagements au vu de l'énorme retard qu'affiche le chantier, où de nombreux lots de CES (corps d'état secondaire) n'ont pas encore été réalisés. D'ailleurs, Aberkane n'ira pas par quatre chemins en déclarant à l'attention des responsables de l'entreprise CSCEC : “Il est impossible de revenir sur cette dernière date. Nous comptons sur vous, tout doit être fini le 23... Nous avons consacré tout un conseil de gouvernement sur ce point”. Et de poursuivre sur un ton menaçant : “Il y va de l'avenir de votre présence à Oran et en Algérie…”. Les autorités locales qui gèrent la réalisation de ce projet ont mis en cause l'entreprise chinoise pour expliquer le retard, notamment le fait que ceux-ci ont diminué le nombre d'ouvriers se trouvant sur le chantier du CHU pour assurer les autres chantiers qu'ils ont à Oran : les logements AADL et le Sheraton. Plus grave, aux dires même des responsables locaux, les Chinois travailleraient au noir chez des privés, ce qui leur a valu, ni plus ni moins, une menace d'expulsion par le wali. Pour les représentants de la CSCEC, les causes avancées pour expliquer ce retard sont tout autres. Tout d'abord, ils n'auraient pas été payés dans les temps ; de plus, des équipements et des matériaux n'ont pas été livrés dans les temps également, sans compter les problèmes techniques et les changements dans la conception de certains services. Certains retards sont causés par le fait que la majorité des lots des CES a été remportée par les Chinois et que ces derniers ont par la suite sous-traité avec des entreprises et des fournisseurs étrangers ; des malfaçons ont aussi été révélées par des experts dépêchés par le ministère au niveau du bloc opératoire, des fluides, I'entrée des urgences, etc. Ce fameux projet du CHU qui a toujours été présenté comme devant être à la pointe du système de santé, s'inscrivant dans la démarche de la réforme initiée par Aberkane, connaît déjà quelques complications. Tout le monde ici assure, en outre, que l'inauguration de l'hôpital se fera par le chef de I'Etat déjà en précampagne. F. B.