Hubert Colin de Verdière était directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères Hervé de Charette. Il sera ensuite nommé ambassadeur à Alger qu'il ne quittera qu'en 2006 pour partir à la retraite. Lorsque les moines de Tibhirine ont été enlevés en cette funeste nuit du 26 au 27 mars 1996, c'était lui qui avait été chargé de diriger la cellule de crise mise en place au Quai d'Orsay. Ceci fait de lui un témoin de premier plan que le juge Jean-Louis Bruguière ne s'est pas privé de convoquer. Sa déposition rapportée hier par le quotidien le Figaro ne laisse pas le moindre doute sur l'identité de ceux qui ont tué les religieux : c'est le GIA. Le diplomate a souligné que l'une des préoccupions de la France était alors d'éviter la moindre bavure pouvant provoquer la mort des otages. Le général Philippe Rondot, patron de la DST, est chargé de se rendre à Alger pour porter ce message et faire part de cette préoccupation. Il fallait insister auprès des autorités algériennes pour que les opérations conduites pour la libération des moines ne mettent pas en péril leur vie. “Notre ambassadeur rappelait constamment à ses interlocuteurs algériens la nécessité de ne pas mettre en danger la vie des moines”, a affirmé Colin de Verdière. Le diplomate évoque aussi les expertises menées pour authentifier les revendications des ravisseurs. Elles créditent la piste du GIA concrétisée le 30 avril 1996 par la venue d'un émissaire à l'ambassade de France à Alger où il a été reçu par “le service représentant la DGSE”. L'émissaire, identifié sous le seul d'Abdallah, a remis le communiqué numéro 43 du GIA. L'émissaire a aussi réclamé un numéro de téléphone en France pour présenter les revendications de son groupe. Aucun appel ne parviendra, et 23 jours plus tard, le communiqué numéro 44 annonçait l'exécution des religieux. Le texte a aussi été authentifié par les experts. Il émanait bien du GIA. A. O.