Sollicité, hier, pour une réaction par rapport à l'annonce faite par Amar Tou, le ministre des Transports, concernant la mise en place en 2012 d'un nouveau système pour améliorer la sécurité et la gestion des ports en Algérie, Kamel Khelifa expert et consultant en transports internationaux et logistique indiquera que “votre question en soulève au passage bien d'autres”. “Certes, dit-il, la sécurité ne doit pas être négligée pour rendre les ports algériens plus sûrs, à travers notamment l'introduction du système de surveillance des eaux territoriales algériennes”, avant d'expliquer que “cet aspect est facilement soluble dès lors qu'il faut tout simplement s'équiper de radars qu'il faudra acheter à l'étranger et les placer en divers points”. La deuxième question qui est soulevée a trait au transit portuaire à travers le système EDI (échange de données informatisées). À ce propos, Kamel Khelifa indiquera que “ça, c'est une tout autre affaire et l'Algérie est loin de pouvoir résoudre cette équation dans la mesure où il faudra une interconnexion en amont et en aval des opérateurs économiques (chargeurs, commissionnaires en douane, transitaires, logisticiens, groupeurs, commissionnaire des transports, etc”. Et de noter que “depuis plusieurs années, des commissionnaires attendent d'être connectés à la seule douane, alors s'il faut en plus des connexions avec le port et tous les autres organismes de contrôle dont chacun considère, à tort ou à raison, que ses impératifs et procédures ne permettent pas l'accès instantané aux données informatisées”. Aussi aux yeux de l'expert, le système EDI a l'avantage de réduire l'intervention de l'homme pour s'acheminer vers zéro papier. “Peut-on imaginer un seul instant que la bureaucratie ambiante va facilement céder, ne serait-ce qu'une toute petite parcelle du pouvoir qu'elle détient, et de tous les privilèges qui l'entourent, au profit d'une machine ?”, s'interrogera-t-il à ce sujet. La troisième question qui se pose est en relation avec la congestion portuaire chronique du port d'Alger dont la cause intimement liée à la nature du commerce extérieur algérien hypercentré sur la capitale parce que c'est là où se trouve le siège de toutes les décisions, notera notre interlocuteur qui indiquera qu'à “défaut d'une décentralisation des décisions si au moins, on pouvait déconcentrer le commerce extérieur algérien par des incitations fiscales en faveur des ports secondaires qui chôment (Djendjen, Dellys, Mostaganem, Ghazaouet)”. De son avis, “ces augmentations doivent être subies d'abord par les navires qui drainent des trafics vers les ports où il y a une forte concentration de trafic par l'augmentation des tarifs portuaires (droits de quai, péages et autres frais de manutention), puis également faire subir aux importateurs d'autres taxes de transit portuaires”. Dans de telles conditions, Kamel Khelifa estimera que “nous allons assister inévitablement à un glissement des trafics vers les autres ports”. Pour rappel, un nouveau système de gestion de la sécurité maritime et portuaire et d'échange d'informations, visant à optimiser et renforcer la sécurité dans les ports en Algérie, sera mis en place en 2012, a indiqué samedi le ministre des Transports Amar Tou. Ce dispositif, appelé Système intégré de la gestion de la sûreté et de la sécurité maritime et portuaire et d'échange de données informatisées (VTMIS), pour lequel un financement de l'ordre de 160 millions d'euros a été dégagé, “devra réunir toutes les conditions de sécurité dans les eaux territoriales nationales, les côtes, et les ports en Algérie”, a noté le ministre. Le VTMIS, dont la réalisation a été confiée à un groupement composé de deux entreprises suédoises et une entreprise coréenne, permettra, également, une fois mis en service, “l'accomplissement de toutes les formalités commerciales au niveau des ports par voie électronique”, a noté Tou. Outre le renforcement de la surveillance des quais et des rades au niveau des ports et leurs zones sensibles, ainsi que leurs accès à travers un réseau de caméras, le VTMIS assurera la gestion du trafic des navires algériens et étrangers longeant les côtes nationales, jusqu'à une distance de 40 miles nautiques (70 km). NADIA MELLAL B.