En Algérie, la production portuaire de ces dernières années accuse des faiblesses. Seuls trois ports fonctionnent de manière rationnelle (Arzew, Béjaïa et Skikda), boostés, certes, par leur trafic d'hydrocarbures. Un état des lieux révélé par Kamel Khelifa, expert et consultant en transports internationaux et logistique, dans un exposé qu'il a donné hier au siège de l'ALGEX portant sur le thème «les bourses de fret, comme solution de réduction des surcoût du transport routier en Algérie». Selon cet expert, les autres ports connaissent des dysfonctionnements dans leur gestion «en raison du manque de planification et de l'inadaptation du commerce extérieur hyper-centralisé sur la capitale». Et de poursuivre : «Les dysfonctionnements se traduisant par des surexploitations comme cela a été le cas pour le port d'Alger jusqu'au 30 septembre [le gouvernement ayant décidé qu'il ne recevra plus de routier ou de vraquier] tandis que d'autres connaissent l'agonie, à l'exemple des ports de Dellys, de Tenès, de Djendjen et de Ghazouet. Pis, les ports de Beni Saf et de Collo sont réduits à la seule activité de pêche alors qu'ils peuvent recevoir des navires de marchandises». Dans ce même contexte, le consultant a tenu à rappeler à l'assistance la donne suivante : «Dans les années 80, le taux de couverture de notre commerce extérieur par le pavillon national était de 40 % alors qu'aujourd'hui il est à peine de 2%, hors hydrocarbures.» Et de commenter ce faible pourcentage : «Dès qu'un pays ne transporte pas ses marchandises par ses propres moyens, sa balance des paiements constate des manques à gagner inévitables, se chiffrant en milliards de dollars.» Pour plus de précisions, une expertise a évalué ce manque à gagner entre 7 et 8 milliards de dollars et révélé que la surestarie annuelle (coût des navires en rade) que paye l'Etat s'évalue à plus de 700 millions de dollars. Pour en revenir au thème de la conférence, Kamel Khelifa a tenu à faire savoir que, si l'Algérie occupe une piètre 153ème place sur 178 pays, juste avant la Somalie, le Kenya et l'Ouganda, c'est parce que «nous n'avons pas encore compris l'importance de la logistique et de son organisation». Preuve en est, «le cabotage national a disparu au profit du transport routier», a témoigné le consultant, et de soutenir : «Nous préférons la route coûteuse au lieu de la route gratuite que nous offre le cabotage.» Toujours au registre des incohérences dans le transport interne des marchandises, le conférencier a signifié qu'«aujourd'hui les coûts de transport et de logistique représentent une facture énorme. Elle est de 20 000 DA pour le transfert d'un conteneur de 20 pouces du port d'Alger vers la zone industrielle de Réghaïa ou d'Oued Smar. Et de 40 000 DA pour une boîte de 40 pouces pour le même trajet. Et si paradoxal que cela puisse paraître, ce tarif est à peu près identique, qu'il soit effectué vers les zones industrielles qui ceinturent Alger ou pour des transports effectués sur des centaines de kilomètres.» Devant ces dysfonctionnements et les surcoûts de transport, «la solution viendrait de la mise en place des bourses de fret», a préconisé le conférencier car c'est «un outil qui permettrait de réduire le nombre de déplacements et les surcoûts générés», a argué Kamel Khelifa. Z. A.