Chaque année, 20 000 cas de cancer liés à la consommation de tabac sont diagnostiqués en Algérie. Un état des lieux alarmant qui nécessite la mobilisation de tous. Plusieurs entreprises publiques et privées implantées à Sétif ont adhéré au projet de la société américaine du cancer (ACS) qui a pour objectif de lutter contre le tabagisme passif dans plus de 100 pays à travers les quatre coins du monde. Affiliée à cette société, l'association Ennour d'aide aux personnes atteintes du cancer et dans le cadre de ses activités de prévention a entamé depuis quelques mois l'application du programme “Travaillons sans fumée” qui vise l'interdiction du tabac dans les lieux de travail, une première au niveau mondial. En effet, pas moins de six entreprises à Sétif sont passées à l'action. Au sein de ces établissements, les travailleurs non fumeurs sont protégés du tabagisme passif qui tue chaque année des milliers, voire des millions de personnes dans le monde. Une louable initiative de l'ACS, concrétisée localement par l'association En Nour présidée par le Pr Mokhtar Hamdi Chérif, médecin chef du service épidémiologie du CHU de Sétif. Les six entreprises retenues, à savoir trois unités de l'ENPC, SAFCER, l'ADE et le lycée Benalioui, sont, désormais, des établissements sans fumée. L'idée est de sensibiliser les travailleurs au danger qui les guette à travers la fumée de leurs collègues tout en invitant les fumeurs à rejoindre les endroits conçus spécialement pour eux afin de pouvoir fumer leurs cigarettes. L'objectif de l'association En Nour est d'atteindre, au moins, 14 entreprises sans fumée dans les trois ans à venir, soit près de 10 300 personnes qui seront protégées de la fumée. “Nous estimons que ce chiffre sera largement dépassé, car ce qui est difficile, c'est le début. Depuis l'expérience des six entreprises qui ont eu l'insigne honneur d'ouvrir le bal, l'association a reçu une dizaine de demandes de la part d'autres entreprises publiques et privées pour ne citer que l'ERIAD Sétif, la Sarl Akrouf et le groupe Sadi, ainsi que l'université de Sétif qui a participé au dernier tournoi de football organisé par l'ACS. “Au niveau de ces dernières entreprises, nous comptons entamer l'opération par la visite des lieux, le sondage et la sensibilisation des travailleurs. Pour cela, les jeunes leaderships qui ont suivi un cycle de formation dans plusieurs pays et dont le dernier stage s'est déroulé au mois d'avril en Tunisie seront mobilisés”, dit le Pr Hamdi Cherif, président de l'association. À noter que les enquêtes ont laissé apparaître que 78,9% des travailleurs fument à l'intérieur des entreprises et que 90% des dits travailleurs veulent arrêter de fumer. Certaines entreprises sont allées loin en exigeant des postulants pour un emploi de respecter la consigne faisant de l'entreprise un espace non fumeur. “Il est impératif que les initiatives de l'ACS se renforcent par une forte circulaire qui interdira de fumer dans les lieux de travail et, pourquoi pas, au niveau des lieux publics. Les fumeurs qui dérangent par leur fumée doivent être sanctionnés. Une forte législation et une mobilisation tous azimuts doivent être les maillons forts de toute opération visant la protection des non-fumeurs du tabagisme passif”, renchérit le Pr Hamdi Cherif Mokhtar. “Si notre pays qui a ratifié la convention-cadre de lutte antitabac, il est nécessaire que ce pas soit renforcé par des textes d'application. Nous sommes parmi les rares pays qui ont ratifié cette convention, cependant beaucoup de travail reste à faire afin de sensibiliser les fumeurs et les non-fumeurs. Je considère que cette bataille est l'affaire de tout le monde, notamment la société civile et des médias”, plaide le Dr S. Bouaoud, épidémiologue et directrice du projet TSF au sein de l'association. Par ailleurs, Mme Touati, responsable de l'encadrement et de la formation des leaderships, a affirmé que le tabagisme guette nos enfants car le phénomène est en vogue. “Un jeune sur deux fume, l'industrie du tabac est en train de se déployer avec force en Algérie et elle cible les jeunes qui ont moins de 30 ans et qui représentent plus de 65% de notre population. L'Algérie est un marché florissant”, conclut-elle. F. Senoussaoui