Selon des virologues, une épidémie à l'échelle mondiale aujourd'hui ferait plus de victimes que “la grippe espagnole” en 1918. La grippe porcine a déjà fait 700 morts dans le monde sur les 100 000 cas confirmés. Tous les continents sont touchés. Depuis une semaine, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a décidé de ne plus comptabiliser les nouveaux cas et s'apprête à relever le niveau d'alerte à l'échelle 6. Maladie considérée bénigne, la grippe ordinaire fait chaque année quelques dizaines de milliers de victimes dans le monde, surtout parmi les populations vulnérables (enfants, personnes âgées et malades chroniques). Même si la médecine a connu de grandes avancées en matière thérapeutique, les médecins s'avouent impuissants devant les maladies virales. Certes, il existe certains traitements qui soignent les symptômes, mais aucune molécule nouvelle ou ancienne ne peut venir à bout des virus dans le corps humain. Cette réalité est connue par tous les praticiens qui craignent, à juste titre, l'émergence d'une maladie virale qui se transmet par voie respiratoire. Le sida, malgré sa dangerosité, peut être évité grâce à des mesures préventives comme le port du préservatif et le réchauffement du sang avant sa transfusion. Tel n'est pas le cas de la grippe qui se transmet directement. Les laboratoires parviennent à élaborer des vaccins en prenant les souches des virus de la grippe sévissant dans l'hémisphère sud en été (hiver austral), mais il n'est pas rare que les virus mutent, déjouant ainsi les parades des virologues. La pandémie de “la grippe espagnole” qui avait fait plus de 20 millions de victimes en 1918 est citée comme exemple par les spécialistes pour pousser les responsables politiques à vraiment prendre en considération les dangers que représenterait une autre pandémie, aujourd'hui que les moyens de transport sont très développés. Selon des virologues, une épidémie à l'échelle mondiale aujourd'hui ferait plus de victimes que “la grippe espagnole” en 1918. Les praticiens pessimistes estiment, pour leur part, qu'une autre pandémie ferait moins de victimes car en 1918, les populations qui venaient de sortir du premier conflit mondial étaient sous-alimentées. Pour eux, il y a à présent les antibiotiques (ils ont été découverts en 1928) et les moyens de subsistance ont nettement évolué. De toutes les manières, les grands laboratoires sont sur le pied de guerre pour fabriquer une très grande quantité de vaccins et les mettre à la disposition des services de santé avant l'automne prochain. Pour faire face à une éventuelle épidémie, les pays qui ont les moyens font des stocks de vaccins et de Tamiflu, un produit présenté comme une panacée. Pourtant, selon des rapports médicaux, dans certains cas, le Tamiflu s'est avéré inefficace car des souches de virus ont pu développer une résistance. C'est cette résistance qui fait craindre le pire aux virologues qui annoncent des scénarios catastrophe au cas où le virus H1NI viendrait à muter d'ici l'automne prochain. En Algérie, un pays épargné au début par cette épidémie, les premiers cas de grippe porcine ont été recensés parmi les membres d'une famille qui rentrait des USA. Selon des sources sûres, l'Algérie a fait une commande de 65 millions de doses de vaccin pour pouvoir couvrir tous les besoins. Certes, l'Algérie n'a pas besoin d'une telle quantité, mais les pouvoirs publics ont agi de sorte à pouvoir obtenir quelque 35 millions de doses, car les laboratoires ne satisfont pas toutes les commandes souhaitées par les Etats. Des épidémiologues relèvent l'injustice quant à l'accès aux soins si une pandémie de grippe porcine frappait le monde. Ils notent par exemple que les pays développés ont d'ores et déjà commandé de grosses quantités de vaccin. Les mêmes spécialistes invitent les responsables des pays développés et de l'OMS à réagir dès à présent pour rendre les vaccins disponibles dans tous les pays du monde, seule solution pouvant freiner une éventuelle pandémie. Pour ces praticiens, le virus ne connaît pas de frontières et c'est un effort à l'échelle mondiale qui doit être consenti pour diminuer les effets d'une future épidémie. Pour le moment, les virologues invitent les Etats à prendre les mesures idoines pour ne pas être pris au dépourvu le moment venu. Ils tiennent à rappeler aussi qu'il ne s'agit nullement de provoquer une “gripophobie” parmi la population mondiale. Ils rassurent, par ailleurs, la population mondiale, car disent-ils, le monde du XXIe siècle dispose de moyens de lutte contre les maladies. D. A.