Les décisions prises par le gouvernement, estime cet expert, visent à réduire les importations et à encourager la production nationale. Certains experts estiment que les récentes mesures prises par le gouvernement, et consacrées dans la loi des finances complémentaire pour 2009, sont dictées par la conjoncture que traversent actuellement le monde et l'Algérie en particulier. De par la baisse des revenus en devises du pays, évalués à environ 40 milliards de dollars, il ne serait pas logique, économiquement parlant, de laisser croître davantage les importations. À travers toute cette batterie de mesures, notamment celle ayant trait à l'interdiction d'octroi de crédits à la consommation par les banques, les pouvoirs publics visent en fait une balance commerciale équilibrée. En termes plus clairs, l'objectif recherché, c'est d'atteindre un solde de la balance commerciale équilibré ou légèrement plus haut ou plus bas. “L'Algérie, à l'instar des autres pays du monde, a pris des décisions pour stabiliser sa balance des paiements”, explique tout simplement M. Mouhoubi, docteur en sciences économiques et en sciences politiques. Cela se traduit dans la LFC 2009 par la possibilité pour l'administration algérienne de mettre en place, à l'égard d'exportateurs de certains pays, les mêmes procédures et formalités auxquelles sont soumis leurs homologues (exportateurs) algériens dans ces mêmes pays, selon le principe de la réciprocité. Il faut dire que les importations ont été multipliées par quatre durant ces dernières années. Normalement, l'Algérie ne devrait importer que trois catégories de produits, à savoir les produits alimentaires, les biens d'équipement et les médicaments. La valeur des importations ne devrait pas excéder ainsi les 20 milliards de dollars. Or, les statistiques officielles affichent près de 40 milliards de dollars d'importations élargies à plusieurs catégories de produits. M. Mouhoubi qualifie cette évolution d'“un peu dangereuse” pour la balance des paiements, voire au développement du pays. D'où l'urgence de “mettre de l'ordre dans le commerce extérieur”, avoue-t-il. Pour lui, le marché algérien étant libre, les importations sont diversifiées certes, mais la plupart ne sont pas indispensables à la satisfaction des besoins et au fonctionnement de l'économie nationale. L'expert souhaite, par conséquent, que l'Etat aille plus loin dans la mise en œuvre de sa politique pour cibler les produits agroalimentaires et pharmaceutiques déversés sur le marché national sans le moindre contrôle. “Il est grand temps de faire le toilettage dans la facture des importations qui ne correspondent en réalité ni aux possibilités du pays ni à ses besoins”, relève-t-il. Les pouvoirs publics devraient, suggère Mouhoubi, définir un cadre réglementaire qui régira toutes ces importations liées à la fois à l'alimentation et aux médicaments. Il citera comme exemple de ces dispositions réglementaires l'exigence de la traçabilité des produits et la lutte contre la contrefaçon… L'administration algérienne doit impérativement connaître l'origine des marchandises et dans quelles conditions elles ont été introduites. L'exemple de la friperie est, on ne peut mieux, frappant. Ce sont tous ces lots de vêtements mis sur le marché qui présentent un danger pour le consommateur car jugés cancérigènes. Certains observateurs n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère pour dénoncer le manque de contrôle de ces stocks aux origines inconnues qui risquent de porter atteinte à la santé publique. À ce propos, le gouvernement a arrêté une mesure qui offre la possibilité pour l'administration des douanes de recourir à des contrôles de conformité des marchandises avec la déclaration en douanes avant leur expédition à destination du territoire douanier. L'interdiction de ce type d'importation va en outre encourager l'émergence de la production nationale et d'une économie plus diversifiée. Par ailleurs, il est opportun, affirme Mouhoubi, de déterminer les missions de l'importateur. “N'est pas importateur qui veut”, tient-il à souligner. “On doit exiger de cet opérateur économique du professionnalisme, une surface financière acceptable et une transparence”, ajoute-t-il. Le Dr Mouhoubi indique que toute cette batterie de mesures n'a pas pour finalité le protectionnisme de l'économie ou la mise en place de barrières au marché national. Au contraire, précise-t-il, “l'Algérie ne fait qu'instaurer en toute légitimité ses propres normes pour l'importation de certains produits”. Certes, l'interdiction des prêts à la consommation aura certainement un impact direct sur les importations en les réduisant, mais elle ne sera pas sans conséquence, en revanche, sur le citoyen qui commence à y prendre goût. Toutefois, les crédits accordés ne touchent qu'une catégorie de citoyens, et pas toute la population : ce sont les salariés qui ont un emploi stable, c'est-à-dire des clients solvables. Par ailleurs, il n'est pas à écarter que ces décisions — provisoires jusque-là — subissent un allégement à l'avenir en cas de retournement de situation et de reprise de l'économie mondiale. Badreddine KHRIS