Le directeur de l'Office national pour la culture et l'information (ONCI), Lakhdar Bentorki, évoque dans cet entretien la richesse du plateau artistique de la 31e édition du Festival de Timgad, ainsi que les difficultés rencontrées par son organisme pour l'organisation de cet événement. Liberté : Comment évaluez-vous la 31e édition du Festival international de Timgad ? Lakhdar Bentorki : Je laisse l'évaluation aux autres. Je tiens à rappeler que c'est la première fois qu'on enregistre une large participation des continents. Et je souhaite que la prochaine édition sera avantageusement meilleure... Pour l'organisation de cette édition, vous avez bénéficié d'une enveloppe financière de 50 millions de dinars. Certains la jugent insignifiante. Qu'en dites-vous ? Chacun pense ce qu'il veut. Ceux qui trouvent que ce budget est suffisant, c'est bien et ceux qui le trouvent insuffisant, c'est tant mieux. Je pense que dans un travail culturel, il n'y a pas le beaucoup ou le peu. Il y a juste un programme. Après, ça dépend de la gestion. Si la démarche est la qualité, alors les dépenses seront grandes mais si la démarche est de faire des économies, alors les dépenses seront limitées et le plateau artistique aussi. Pour faire un festival d'une dimension internationale, il faut créer les conditions. Si elles sont offertes, alors les conséquences ne seront que très avantageuses. Nous avons noté lors de cette édition quelques couacs mais c'est largement compréhensible puisque vous êtes limité par les moyens… Certes, il y a plusieurs stars que nous aimerions faire venir, mais nous sommes limités par les moyens, car il n'y a pas que le cachet des artistes qui pose problème. Il y a d'autres paramètres qui créent et favorisent certains couacs. D'ailleurs, ces couacs, c'est notamment l'absence des infrastructures hôtelières, les moyens d'accueil inexistants, les problèmes de transport aérien et terrestre... Nous n'avons pas un hôtel qui pourrait accueillir des célébrités. Le problème n'est pas les 50 millions de dinars algériens. Le problème culturel et économique est l'affaire de tous. Vous ne trouverez pas de cafés ou de restaurants dignes du rang des artistes et des personnalités qui les accompagnent pour les inviter à prendre un café ou un repas. Même les conditions de détente sont absentes. Dans ce cas de figure, la participation du secteur privé est plus que jamais primordiale. Le privé doit intervenir et participer. En principe Batna est une très belle région, notamment avec ses sites archéologiques et naturels, et elle devrait être active et mise en valeur tout au long de l'année. Timgad ce n'est pas seulement un Festival de dix jours. Vous voulez dire que les acteurs économiques privés ne participent pas à l'événement et ne font rien pour faire de Batna un pôle culturel accueillant tout au long de l'année ? On n'a jamais enregistré une participation des partenaires économiques. Cela fait dix années que je suis à la tête de l'organisation du Festival international de Timgad, et je n'ai jamais vu des partenaires ni au niveau de la ville de Batna ni au niveau national jusqu'à aujourd'hui. L'absence des partenaires privés nuit à l'essor du Festival de Timgad, et ne contribue pas à aider l'organisation d'une manifestation d'envergure internationale.Pour ce qui est des responsables locaux, ils sont en train de faire leur possible, mais nous le disons sincèrement, ceci demeure insuffisant pour faire un festival d'une dimension internationale. Nous souhaitons que le Festival international de Timgad devienne un patrimoine culturel algérien et qu'il participe à l'amélioration et au développement de l'image de l'Algérie, surtout que maintenant, nous disposons de tous les moyens humains et financiers. C'est important que les autres secteurs accompagnent ce Festival, notamment les partenaires économiques. B. B.