Le jour commençait à poindre. Et malgré l'heure matinale, la journée promettait d'être radieuse. On était déjà à la fin du printemps. C'est bientôt l'été et les nuits raccourcissaient de plus en plus. Kamel s'étire paresseusement et jette un coup d'œil en biais à son réveil-matin. Il est temps pour lui de se lever s'il veut arriver à temps à son travail. Il s'étire encore une fois et eut bien du mal à s'extraire de son lit douillet et si confortable. Il se secoue et se lève pour faire sa toilette et se préparer. Aïssa, son collègue, ne va pas tarder à se pointer. C'est que la distance n'était pas mince. Kamel et Aïssa parcourent tous les jours – sauf les week-end – environ 90 km à l'aller et au retour pour rejoindre leur poste de travail et rentrer le soir à la maison. Heureusement que Aïssa est véhiculé, sinon, cela aurait été un véritable bras de fer entre Kamel et son employeur. D'autant plus que ce dernier ne tolérait aucun retard. Kamel a fini par s'habituer à ce régime strict et rigoureux de se lever tôt le matin, de se préparer, et de descendre attendre son ami à l'entrée de l'immeuble. Il prit rapidement une tasse de café fumante que sa mère venait tout juste de préparer, enfile un léger blouson sur sa chemise et dégringole les escaliers. Déjà, il entendait le coup de klaxon familier. - Bonjour Aïssa, lance-t-il en s'engouffrant dans le véhicule. - Bonjour Kamel. Bien dormi ? - Oui… Mais j'ai eu un mal fou à m'extirper du lit. - C'est le printemps, et le sommeil matinal en cette période est toujours très doux. - Tu peux le dire. Mais toi comment fais -tu pour être toujours en forme ? - Tu connais mes habitudes : pas de cigarettes, pas de café noir, pas de veillées. Je me mets au lit à l'heure qu'il faut et je fais mon plein de sommeil… Ce n'est pas sorcier. - Il faudrait avoir aussi ta volonté mon gars, dit Kamel Aïssa ébauche un sourire : - De la volonté ? Non. Dis plutôt une femme qui veille au grain. Elle est si pointilleuse sur la ponctualité qu'il faudrait être un attardé mental pour se dérober. Kamel rit de bon cœur. - C'est pour cela qu'on dit que le mariage est une prison dorée. - Une prison oui. Mais dorée… Laisse-moi te dire qu'il n'y a vraiment rien de doré là dedans. Peut-être les premières années, mais après, la routine s'installe et tu deviens esclave de tes propres habitudes. - Vive le célibat alors ! s'écrie Kamel. Il rirent et Aïssa appuie sur l'accélérateur pour éviter d'être rattrapé par les embouteillages des heures de pointe. (À suivre) Y. H.