Ces prêts concernent beaucoup plus les biens importés, voitures entre autres, qui bénéficient au développement des pays exportateurs. Plusieurs voix viennent de s'élever contre la mesure des pouvoirs publics relative à la suppression des crédits à la consommation. Ces voix émanent d'horizons divers et certainement pour des motifs divers et portent tant sur la forme que sur le fond. Sur la forme, il aurait fallu que ce soit la Banque centrale qui intervienne par l'intermédiaire de “Règlement” conformément à la loi sur la monnaie et le crédit. On considère qu'il y a là une immixtion des pouvoirs publics dans la gestion des banques publiques et privées. Or, cette notion qui consiste à classer les banques de cette manière devrait être abandonnée pour laisser place à un système financier dans lequel fonctionne une banque centrale ou banque primaire, des banques secondaires et des sociétés financières. Ce système est réglementé par la banque centrale dans le cadre de la loi sur la monnaie et le crédit. Sur le fond, on prive les banques d'une ressource intérêts à court et moyen terme. Pour comprendre cette mesure, il faudrait la replacer dans son contexte économique. Pourquoi des crédits à la consommation ? Les crédits à la consommation interviennent dans le cadre d'une relance de l'économie notamment la production de biens qui permet de maintenir les emplois voire d'en créer d'autres. Est-ce le cas en Algérie ? Ce n'est certainement pas le cas dans la mesure où ces crédits concernent beaucoup plus les biens importés, voitures entre autres, qui bénéficient au développement des pays exportateurs. Ces crédits octroyés pour l'acquisition de ce type de produits ne participent nullement au développement du pays. Ils grèvent, a contrario, lourdement la balance des paiements. Les banques devraient revenir à une des premières raisons de leur existence qui consiste à participer au financement de l'économie : crédit à l'investissement, crédit au financement des équipements, crédit d'exploitation pour les entreprises saines en manque de liquidités. En préconisant ce retour des banques pour le financement de l'économie, on n'invente absolument rien. Il suffit de voir comment les pays du G8 ont fait face à la crise financière d'abord et économique ensuite : ils ont renfloué les banques tout en leur demandant de surseoir au paiement des bonus (exemple français) et de contribuer au financement de l'économie pour maintenir les emplois en place. Comme on peut le constater, les pays du G8 n'ont pas hésité à recourir à l'interventionnisme et à certaines nationalisations pour sauver leur économie de la crise qui continue encore de sévir à travers le monde. Ces pays sont bien dans un système d'économie de marché voire dans un système ultralibéral USA et Grande-Bretagne. En Algérie donc, si la suppression des crédits à la consommation doit contribuer au développement de l'économie nationale en limitant notamment la chute de la balance des paiements, il conviendrait de renforcer cette mesure. Ces crédits peuvent être pris en charge par les entreprises productrices de biens pour booster leur production. Ce serait alors le financement de leur développement par la consommation. Des conventions de crédit peuvent être mises en place entre les citoyens intéressés et les entreprises productrices de biens de consommation notamment l'électroménager voire d'autres produits de production nationale. Les citoyens qui ont recours au crédit pour l'acquisition de biens de consommation doivent faire très attention pour ne pas rentrer dans le cercle infernal du surendettement qui aura des conséquences très graves pour leurs familles. C'est ce phénomène de surendettement et d'insolvabilité qui a été à l'origine de la crise financière aux Etats-Unis d'Amérique. Dans ce pays, les crédits octroyés concernent en grande partie l'immobilier auxquels sont ajoutés des crédits à la consommation. Dans l'immobilier, les banques ont eu recours à la titrisation de ces crédits pour recouvrer leurs créances. Ces mêmes banques ont mis sur le marché ces titres lesquels ont changé plusieurs fois de main pour se retrouver quelquefois dans le circuit bancaire en dehors des Etats-Unis. À l'échéance de ces titres, une insolvabilité est apparue au niveau des citoyens ce qui a amené les banques détentrices de ces titres à recourir à des saisies et des ventes aux enchères des maisons ainsi hypothéquées bien en dessous de leur valeur réelle. Et c'est le début de la crise de laquelle le monde n'est pas encore sorti. À ce phénomène de surendettement et d'insolvabilité, il ne faudrait pas oublier la spéculation boursière aux Etats-Unis d'Amé-rique qui a joué un très grand rôle dans le durcissement et la gravité de la crise. Pour revenir en Algérie, au lieu de mettre en place ces nouveaux procédés financiers pour accroître leurs bénéfices, ce qui est légitime, les banques devraient être une source de capacités de financement de l'économie pour combler le retard qui sépare notre pays des nouvelles nations émergentes d'abord et des pays développés ensuite. Mohamed ALEM