Le gouvernement vient de décider de mettre fin à tous les crédits à la consommation accordés par les banques privées ou publiques. Dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009, publiée, hier, dans le Journal officiel, il est indiqué que les banques ne sont autorisées à accorder des crédits aux particuliers que dans le cadre des crédits immobiliers. Les modalités d'application de cette mesure seront précisées par voie réglementaire. Ceci dit, le crédit automobile et les crédits pour l'achat d'équipement ménagers ou autres ne sont plus autorisés. Les crédits menacent l'équilibre des revenus des familles en Algérie. Même si le taux parait faible par rapport aux autres crédits, ils représentent toutefois un risque vu leur croissance et leur diversité. La multiplication des formules de crédit à la consommation en Algérie ne menacerait-elle pas les ménages algériens de surendettement ? Aujourd'hui, cette question se pose avec acuité. Les pouvoirs publics ont compris que le crédit à la consommation menace les foyers de surendettement. Jamais les Algériens n'ont autant emprunté pour consommer. Les ménages sont de plus en plus intéressés par les prêts bancaires. Cette décision pourrait sauver de la faillite des ménages qui sollicitent un crédit pour un quelconque achat. La frénésie est de plus en plus importante même si le taux d'intérêt bancaire en Algérie demeure élevé. Ce taux varie, en effet, de 8,5, voire jusqu'à 10% en hors taxes, et auquel il faudra ajouter la fameuse TVA. Un taux qui n'a, certes, rien à voir avec ceux pratiqués dans les pays de l'Europe de l'Est où l'intérêt avoisine les 20%, mais tout de même reste-t-il assez onéreux pour les bourses moyennes. De plus, même avec l'instauration de la taxe automobile et l'augmentation des prix des véhicules, les Algériens ont continué d'acquérir des véhicules par le biais du crédit, en dépensant des sommes faramineuses en matière de taux d'intérêt. La loi sur la consommation existe. Elle est destinée à protéger les consommateurs. La Banque centrale, du reste, a mis en place une centrale des risques. Elle existe dans tous les pays du monde. Elle est destinée à prévenir les impayés. A rappeler qu'en début d'année, les banques publiques ont été destinataires d'une note les obligeant à arrêter l'octroi de crédits destinés à la consommation. Mais, le gouvernement a imposé quelques exceptions. Les banques publiques n'étaient autorisées à n'étudier que les demandes de crédits destinés à la consommation de la production nationale. Autrement dit, elles ne peuvent procéder au financement des crédits sur les produits importés. Le gouvernement vise, à travers cette politique à diminuer l'importation de marchandises déjà produites en Algérie. Par conséquent, elle permettra à l'Algérie de revoir à la baisse sa facture d'importation. Il faut dire aussi que plusieurs banques étrangères ont vu leurs recettes augmenter grâce, notamment, à la formule crédit à la consommation. Le phénomène des produits bancaires destinés à propulser la consommation des ménages a pris une dimension importante en Algérie, notamment pour celui qui est relatif à l'automobile et les biens d'équipement (électroménager et matériel informatique). Grâce aux crédits à la consommation, les banques étrangères ont connu des seuils de rentabilité et de solvabilité jamais égalés avec, aussi, un taux de progression annuel très important, même en pleine période de crise financière internationale. Une évidence : le développement, ces dernières années, du crédit à la consommation a été beaucoup plus profitable aux produits étrangers qu'à la production nationale. L'importation des véhicules a connu un boom impressionnant et ce, en raison des produits bancaires qui favorisent le crédit automobile. Le crédit à la consommation, est-il utile de le reconnaître, est devenu le monopole des filiales algériennes des groupes bancaires français BNP Paribas, Société Générale et Natixis.Le crédit à la consommation a connu un boom inquiétant et est en passe de devenir un véritable souk. Un chiffre inquiétant : le marché du crédit à la consommation en Algérie a progressé de 25% en 2008 et ce, en comparaison avec l'année 2007, soit un portefeuille de 2 450 milliards de dinars (245.000 milliards de centimes). Enfin, la volonté du gouvernement est affichée. Le crédit à la consommation n'est plus en Algérie. Nassima Bensalem