En plus du Festival de Djoua, dont nous avons déjà parlé, qui se caractérise par une originalité incontestable et qui semble bien se dérouler malgré des difficultés dues à la complexité et à la situation inédite de son site, le 7e Festival de la chanson amazighe, organisé par le Comité des fêtes de la ville de Béjaïa, s'est ouverte à la même date, soit le 5 août dernier. Il est dédié cette année au chanteur Chikh Abdelwahab Abdjaoui. La première soirée a attiré un public très nombreux, aussi bien au théâtre Malek-Bouguermouh qu'au théâtre de Verdure. Beaucoup de familles ont profité des nuits estivales pour s'offrir une sortie ludique, gratuite et animée. En plus des deux sites déjà cités, des soirées sont également programmées à la maison de la Culture et sur la place du 1er-Novembre (ex-place Gueydon). Au deuxième jour, le système adopté pour les concerts à la maison de la Culture est judicieux : la salle est réservée aux familles pendant que les hommes seuls doivent suivre le concert sur écran géant de l'extérieur, d'une tribune temporaire, dressée pour la circonstance. Au même moment, le concert en plein air, sur la place du 1er-Novembre, a pêché par un manque d'organisation technique. Vendredi soir, l'esplanade de la maison de la Culture était noire de monde, un public en partie familial, une ambiance sereine… Le Festival de la chanson amazighe comprend deux parties : la partie concerts publics animés par des chanteurs venus pour la plupart de la commune de Béjaia et le “casting”(**) réservé au concours à destination des amateurs que le Comité des fêtes se propose d'encourager et de faire connaître. Ils sont une cinquantaine, dont deux jeunes filles, à briguer l'un des premiers prix dans les genres “folklore”, “chaâbi” ou “moderne”. Le public béjaoui est gâté, avec le choix qu'il a entre les différents sites du Festival de la chanson amazighe et celui du Festival de Djoua. Quoique basé dans une autre commune, voisine de celle de Béjaia, le Festival de Djoua a mis en place des navettes régulières et gratuites à partir de la capitale des Hammadides. Le déroulement des deux festivals à la même date est-il une coïncidence ? Le public se pose la question, n'arrivant pas toujours à faire la différence entre les deux manifestations. Du côté du Comité des fêtes, on nous parle de complémentarité : la pression du public sera atténuée en étant partagée, d'un autre côté, on voit d'un mauvais œil cette concurrence, on nous parle de “contrefaçon”. La légende dit que Djoua est l'une des trois sœurs de Yemma Gouraya, toutes deux se regardent de leurs deux montagnes. De quel regard ? Le Festival de la chanson amazighe, après sept éditions, a bien pris corps, il est temps pour lui d'acquérir une âme, une personnalité, bien marquer ses repères. Avec les moyens financiers, humains et matériels dont il dispose, le festival peut devenir une référence, un rendez-vous incontournable mais le travail doit se faire sur toute l'année parce qu'il y a un avant et un après à gérer. Le fait qu'il revienne chaque année est déjà un acquis, certes, mais les efforts doivent laisser des traces. Abdelaziz YESSAD