La résorption de ce type d'habitat à Tizi Gheniff n'est pas pour demain quand on sait que les entreprises réalisatrices de logements ne se bousculent pas au portillon, surtout quand il s'agit de logements sociaux. Tizi Gheniff, située à 60 km au sud de Tizi Ouzou, un chef-lieu de commune et de daïra abrite encore trois bidonvilles. Depuis près d'une quinzaine d'années, on parle de leur éradication, en vain. La première ébauche initiée en 2006 à l'intérieur de la cité dite de “la gendarmerie” a été un échec. D'ailleurs, aujourd'hui, les habitants auxquels l'on a démoli les maisons, sont livrés à leur sort dans ce site abandonné. “Il y a des familles qu'accueillent provisoirement leurs proches et d'autres recasées dans les hangars de l'ex-caserne militaire”, nous a appris un citoyen désespéré. “Nous vivons comme des taupes”, a-t-il souligné. Pour en savoir plus sur cet épineux dossier, nous avons pris attache avec le maire de la commune. “Mes deux priorités sont le règlement de ce problème et celui de l'eau potable”, nous a-t-il répondu en premier lieu. Et de dire : “Les quatre cités-bidonvilles, à savoir la cité du stade, celle dite de la gendarmerie, celle des HLM et enfin celle du village agricole sont la plaie de Tizi Gheniff. Si nous n'arrivons pas à les éradiquer, ce serait un échec.” Interrogé sur les solutions qui seront préconisées pour y faire face à cette situation, le maire nous a fourni l'alternative des logements sociaux. “Avec le directeur de l'OPGI, nous sommes en train de travailler de telle sorte à ce que tous les programmes de logements de Tizi-Gheniff soient lancés”, a-t-il estimé dans cette intervention. Et de s'étaler sur la situation de ces programmes. “Un choix de terrain a été fait pour un projet de soixante-dix logements OPGI. Il est en consultation. Dès que l'entreprise est prête, il sera lancé. L'OPGI va aussi réaliser 188 logements”, a précisé notre interlocuteur. Pour ce dernier, la réalisation de ces projets va résoudre définitivement le problème de l'habitat précaire à Tizi Gheniff ville. Cet édile municipal nous a appris, par ailleurs, que deux projets de douze et dix huit logements lancés en 1997 laissés à l'abandon ont été finalement relancés. Si le P/APC résonne de cette manière, c'est-à-dire en termes de projets inscrits, les citoyens ne réfléchissent pas de la même manière. “Nous avons toujours peur quand nous voyons que des logements ont été squattés depuis 2002 sans aucune suite”, nous a fait savoir un citoyen de la cité du Stade. Par contre, ceux de la cité-bidonville de Adila recasés dans ce site depuis 1983 ne croient plus à ce que disent les autorités. “Nous avons même écrit au président de la République, en vain. Vraiment, nous sommes les damnés de cette terre reconquise après 132 ans de colonisation. Nous habitons des cellules sans ossature métallique dallées de plaques d'amiante. C'est une vie de chien que nous menons depuis maintenant 26 ans. Nous avons tapé à toutes les portes, rien”, a voulu dire l'un de ces habitants. En définitive, le problème de la résorption de ce type d'habitat à Tizi Gheniff n'est pas pour demain quand on sait que les entreprises réalisatrices de logements ne se bousculent pas au portillon surtout quand il s'agit de logements sociaux pour lesquels le prix d'un mètre carré bâti n'a pas changé depuis des années en dépit de la hausse vertigineuse connue par les matériaux de construction. En attendant que tous ces projets se concrétisent, les occupants des cités-bidonvilles devront encore tenir pendant des années leur mal en patience. O. Ghilès