Le message de Bouteflika à Ben Ali est destiné à tous les pays de la région, tenus d'apporter leur contribution dans la lutte contre le terrorisme. Les attentats d'Alger, de Tunis et de Casablanca semblent avoir mobilisé les trois capitales à coordonner leurs efforts dans la lutte antiterroriste. Depuis qu'Al Qaîda a «débarqué» dans la région, notamment après l'allégeance du Gspc à cette organisation terroriste, la menace s'est faite pesante contre les intérêts occidentaux et met en péril la stabilité des pays du Maghreb. L'enjeu et surtout le pari sont de taille pour les pays de l'UMA. En effet, le message adressé, hier, par le chef de l'Etat, M.Abdelaziz Bouteflika, à son homologue tunisien Zine El Abidine Ben Ali, à l'occasion de la Fête nationale de ce pays, est révélateur de cet idéal de destin commun tant escompté entre les pays du Maghreb. Le chef de l'Etat n'a pas manqué de réitérer sa volonté et sa détermination de consolider les liens de fraternité entre les deux pays frères, à même de «les prémunir contre les dangers qui les guettent, à la fois, au plan extérieur et intérieur». Le président voulait parler de la menace terroriste qui est devenu le nouveau défi et, partant, un autre argument d'union pour une UMA sur cale depuis une dizaine d'années. «Les derniers événements survenus dans certains pays de notre région qui n'ont pas été sans avoir des effets sur nos peuples, avec tout ce que cela engendre comme menaces et défis dans les domaines vitaux du développement, et qu'aucun peuple ne saurait affronter seul, à plus forte raison que certains de ces événements ont été marqués par des manifestations de violence et de terrorisme et ont ciblé deux peuples frères unis pour le meilleur et pour le pire, en témoignent les attentats terroristes perpétrés sporadiquement en Algérie ou en Tunisie», écrit le président de la République. Avant de poursuivre que «ces événements (les attentats perpétrés en Algérie et en Tunisie:ndlr) n'ont d'autres objectifs que de semer la discorde, de porter atteinte au bon voisinage, à la stabilité, voire de nuire aux deux peuples sans distinction aucune», souligne le président Bouteflika qui a rappelé la nécessité d'y faire face en extirpant le mal à la racine. Il est clair que le message est destiné à tous les pays de la région, tenus d'apporter leur contribution dans la lutte contre le terrorisme. Le chef de l'Etat, qui a exprimé au président Ben Ali ses voeux de santé à l'occasion du 51e anniversaire de la Fête nationale tunisienne, a, par ailleurs, tenu à saisir cette opportunité «pour saluer les réalisations majeures de la Tunisie sur la voie du développement et du progrès». Des réalisations, poursuit Bouteflika, «qui ont permis à la Tunisie d'occuper une place privilégiée dans le concert des nations et l'ont érigée en un modèle d'efficacité, de gestion judicieuse et de bonne gouvernance». Mais l'objectif essentiel demeure l'éradication du terrorisme. C'est là où réside l'essence même de l'action commune que doivent mener de concert les pays du Maghreb contre la nébuleuse Al Qaîda. Par ailleurs, nous apprenons de sources sûres, que des délégations des trois pays du Maghreb se trouvent actuellement à Paris pour coordonner la lutte anti-terroriste. Echange d'informations et conjugaison des moyens sont au menu de ces rencontres informelles mais performantes, tant il devient évident que l'ensemble de la région est sous la menace d'Al Qaîda, qui fait tout pour étendre son champ d'action. La récente allégeance du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc) algérien à Al Qaîda d'Oussama Ben Laden, ainsi que les menaces directes d'El Zawahiri contre les intérêts français partout dans le monde, ont ravivé les craintes de voir la région s'embraser. On voit qu'il y a une imbrication des réseaux et une coordination des moyens mis en oeuvre par les terroristes, qui utilisent tous les moyens pour rendre plus dangereuses leurs actions. L'attentat contre un cybercafé à Casablanca, dans lequel les terroristes étaient venus consulter des sites Internet, montrent qu'Al Qaîda n'a pas attendu les derniers développements pour se mettre à la page. Une technologie comme Internet n'a plus aucun secret pour eux. Tout comme l'utilisation des téléphones portables pour déclencher les explosions à distance. La cybercriminalité, le blanchiment d'argent, le trafic d'armes, toutes ces méthodes qui sont utilisées à grande échelle, montrent le caractère supranational des activités d'Al Qaîda, ainsi que sa capacité à avoir un cerveau à Alger, le financement à Paris, les armes à Tunis, les exécutants à Casablanca, ou vice versa. C'est une donne qui doit être prise en compte par les services de sécurité des différents pays. Ces derniers temps, s'est ouvert à Alger le procès d'un activiste égyptien qui recrutait des volontaires algériens pour aller combattre en Irak. N'est-ce pas mettre au jour la porosité des frontières et la facilité avec laquelle les terroristes peuvent se mouvoir d'un pays à l'autre, comme des poissons dans l'eau. Si les terroristes arrivent à agir en même temps dans un ou plusieurs pays à la fois, en coordonnant différentes étapes d'un attentat, selon une méthode réglée comme du papier à musique, pourquoi est-ce que les services de sécurité, au lieu de se faire la guerre, n'en feraient-ils pas autant? D'où l'importance de la lettre envoyée par le président Abdelaziz Bouteflika au chef de l'Etat tunisien, Zineddine Ben ali. L'Algérie a besoin d'avoir un partenaire à l'Est résolument engagé à ses côtés dans la lutte antiterroriste.