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Quel avenir pour la stratégie industrielle ?
Après la promulgation de la LFC 2009
Publié dans Liberté le 16 - 08 - 2009

Les dispositions de la loi de finances complémentaire pour 2009 s'inscrivent-elles en droite ligne avec la philosophie et l'esprit de la politique industrielle élaborée par le ministère de tutelle ou, au contraire, viennent-elles remettre en cause ses principes ?
Les nouvelles dispositions introduites dans la loi de finances complémentaire pour 2009 posent, encore une fois, la problématique de la stratégie industrielle et son avenir sur la sphère économique du pays. Les mesures consacrées dans la LFC 2009 s'inscrivent-elles en droite ligne avec la philosophie et l'esprit de la politique industrielle élaborée par le ministère de tutelle ou, au contraire, viennent-elles remettre en cause ses principes ? En réponse à cette question, les avis sont partagés entre partisans et opposants. L'on se rappelle les décisions prises par Ahmed Ouyahia qui allaient à contre-sens des objectifs tracés par les rédacteurs du document de la stratégie, notamment dans les chapitres liés à l'investissement, les privatisations… L'on se souvient du Premier ministre qui a déclaré à la presse que la stratégie industrielle a fait beaucoup plus l'objet de communications que d'actions. Pis encore, il tenait à préciser qu'elle n'a jamais été adoptée en Conseil des ministres. Annoncé en grande pompe en 2007, le projet a été présenté comme étant salvateur pour l'économie nationale. Actuellement, le Premier ministre plaide pour une nouvelle vision économique qui aura pour fondement d'abord la restructuration des entreprises économiques nationales et la reconversion de certaines d'entre elles. “Des mesures ont été appliquées, depuis décembre dernier, pour la modernisation de toutes les entreprises publiques fiables dans le secteur du bâtiment, des travaux publics, de l'agriculture et de l'hydraulique”, avait-il indiqué. Ce qui explique clairement qu'Ahmed Ouyahia a, d'ores et déjà, “défloré” le sujet et entamé la mise en œuvre de sa propre stratégie. Il s'est basé sur un constat socioéconomique peu reluisant pour mettre en application sa décision. La stratégie industrielle doit désormais être “adaptée au papier millimétrique que sont les mesures prises par le président de la République que j'ai commencé à mettre en œuvre”, avait affirmé le chef de l'Exécutif. S'agit-il d'une contradiction ou d'une opposition à la version de Temmar ou plutôt d'une copie corrigée du document dont la mise en œuvre a déjà commencé ? Ainsi, Ahmed Ouyahia efface d'un revers de la main ou du moins néglige un certain nombre de propositions mentionnées dans le contenu de la stratégie industrielle, débattue dans 11 ateliers et durant des assises qui ont réuni plus de 600 participants de divers horizons.
Des dispositions de la stratégie déjà mises en œuvre
De son côté, le ministre de la PME et de l'Artisanat avait évoqué des dysfonctionnements dans les choix opérés par Hamid Temmar. Mustapha Benbada a fait part de la nécessité d'une démarche consensuelle en faveur de laquelle le gouvernement doit travailler. Ce qui signifie que le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements (Mipi), M. Abdelhamid Temmar, avait agi seul en piétinant les prérogatives de ses collègues, surtout le ministre de la PME qui se voit le premier responsable de la prise en charge du dossier de la mise à niveau des entreprises. Alors que l'opération de mise à niveau des entreprises a été ces dernières années chapeautée par le département de Mustapha Benbada, le Mipi avait annoncé, il y a plus d'une année, un autre programme de mise à niveau critiquant par la même les résultats du plan mené conjointement entre le ministère de la PME et de l'Artisanat et l'Union européenne. Ce qui a poussé M. Benbada à appeler à situer les prérogatives de chaque ministère pour qu'il n'y ait pas de chevauchement et dans le but de ne pas pénaliser l'entreprise algérienne. Car, faut-il le noter, la PME dans toute cette “cacophonie” reste la seule perdante. “Il faut que le gouvernement arrête une démarche consensuelle autour de cette question et mette en place des programmes unifiés”, a clairement noté le ministre de la PME, reconnaissant que “les différentes opérations de mise à niveau depuis 2000 ont connu des dysfonctionnements dans leur application” et plaidant par la même occasion pour la mise en place d'une nouvelle dynamique dans laquelle les prérogatives sont à identifier. En fait, le président de la République a été le premier à ouvrir les hostilités envers son ministre, qu'on a toujours dit proche de lui. Il l'a classé parmi les ministres qui lui “ont menti”. Toutefois, certains observateurs très au fait du dossier estiment que les dispositions contenues dans la stratégie industrielle dans sa version corrigée reflètent la politique prônée par le premier magistrat du pays. Ils avouent que le retour au patriotisme économique a été consacré pour la première fois dans la stratégie industrielle. Le patriotisme politique a été également évoqué dans ce sens. Celui-ci doit reposer, expliquent ces experts, sur quatre éléments fondamentaux, à savoir un secteur public fort spécialisé, une classe d'entrepreneurs nationaux, l'Etat régulateur qui mobilise ses ressources financières pour développer les champions de l'industrie et, enfin, un recadrage profond des questions économiques posées à ce jour, particulièrement la place à réserver aux investissements directs étrangers (IDE). Or, la mise en œuvre de tout ce vaste projet repose sur un modèle institutionnel et qu'il lui soit défini les agents économiques. Il faut d'abord, précisent-ils, mettre en place ce cadre institutionnel en commençant par le niveau de l'APC, celui de toutes les instances locales, en passant par le gouvernement pour arriver au Conseil des ministres. Cela passe impérativement par, bien entendu, un consensus général. Une chose est certaine, tous les responsables concernés doivent accorder leurs violons et adopter une démarche consensuelle et complémentaire pour faire redémarrer la machine industrielle “freinée” des années durant par des grains de sable de diverses natures. Car, avec un secteur industriel qui ne contribue qu'à hauteur de 5% du produit intérieur brut (PIB), la naissance des 13 champions de l'industrie sera retardée et la relance économique ne sera pas pour demain.


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