Si, il y a quelques jours, il a réclamé à cor et à cri un rôle de locomotive pour son parti dans la promotion du projet d'amnistie générale et de révision profonde de la Constitution, Abou Djerra Soltani semble avoir changé son fusil d'épaule en assurant qu'un toilettage de la loi fondamentale n'est pas du tout une priorité pour lui. “La révision constitutionnelle n'est pas une priorité pour nous. Mais quand le projet sera soumis à débat, nous comptons bien dire notre mot sur plusieurs questions comme les libertés, l'équilibre des pouvoirs, etc. Notre souhait est de doter le pays d'un texte qui ne sera pas changé chaque dix ans”, a-t-il soutenu hier lors d'une conférence de presse animée au siège de son parti. Concernant les prochaines sénatoriales, M. Soltani a assuré que l'alliance entre les trois partis de la coalition gouvernementale doit se faire au niveau local et les directions nationales des trois partis n'interviendront qu'en cas de nécessité. Interrogé sur la probabilité de son retour au gouvernement, Soltani n'en a pas écarté l'éventualité. Sa réponse : “Je ne me proposerai pas pour revenir au gouvernement.” En décodé, cela veut dire que si un poste lui est proposé, il ne dira pas non. Parlant du nouveau code communal, le président du MSP a soutenu que “puisque le projet est soumis à débat, notre souhait est que les prérogatives des élus et de l'administration soient clarifiées pour assurer une plus grande stabilité aux institutions”. Ayant été ces jours-ci au centre d'un âpre débat, les nouvelles mesures contenues dans la loi de finances complémentaire ne semblent pas trop déplaire à Abou Djerra Soltani, même s'il a émis quelques réserves de pure forme. “Nous avons écouté il y a quelques jours un rapport détaillé présenté par le ministre du Commerce. Nous ne sommes pas contre la suppression ou le gel des crédits à la consommation. Ce qui nous a déplu, c'est la hâte avec laquelle a été faite l'annonce de ces mesures. Nous aurions aimé aussi que les crédits sans intérêt accordés aux députés et aux fonctionnaires pour acheter des voitures soient élargis à la couche moyenne (enseignants…)”, a-t-il soutenu. Parlant de la dissidence connue par son parti, Abou Djerra Soltani en a d'abord minimisé la portée puisque, rappelle-t-il, à peine 3% des militants du MSP ont rejoint le mouvement créé par son adversaire Abdelmadjid Menasra. S'il ne ferme pas les portes de la réconciliation, il n'estime pas moins que la page de la crise est définitivement tournée et que celle du management de projets et de programmes est aujourd'hui ouverte au sein du parti islamiste. Il a en outre assuré qu'il compte nouer contact avec les partis traversés par des remous pour débattre de cette question. Pour ce qui est du livre de Khaled Bentounès, qui a soulevé un véritable tollé chez les courants conservateurs, Abou Djerra Soltani propose rien moins que la suppression des dessins et des passages traitant du hidjab pour que le livre puisse être commercialisé. A. C.