Le président du MSP a également appelé à une révision profonde de la Constitution. Le leader du MSP a pris tout son temps pour gérer la dissidence qui a secoué son parti et a choisi la ville de Boumerdès, où se tient depuis hier la session ordinaire de son conseil consultatif, pour répondre à ses détracteurs, mais surtout, tracer les objectifs prioritaires de son mouvement. Tout en minimisant la dissidence menée par Abdelmadjid Menasra, le patron du MSP confirme les affirmations de l'autre leader de l'Alliance présidentielle, Abdelaziz Belkhadem, en faveur d'une révision profonde de la Constitution, en vue, dit-il, de mieux réguler l'activité politique et, surtout, parvenir à une amnistie générale. Le président du MSP est revenu sur la dissidence qui a miné son parti et menacé son existence. Tout en saluant le travail de la commission de conciliation, Abou Djerra Soltani s'est montré intransigeant : “Ceux qui ont décidé de quitter le parti, n'ont pas besoin de prétexte pour justifier leurs actes.” Une façon de refermer définitivement la porte aux partisans de Abdelmadjid Menasra. Cette sortie du leader du MSP découle-t-elle d'une certitude que le mouvement que comptent lancer les adversaires de Soltani n'a aucune chance d'obtenir son agrément ? Soltani, lui, s'est montré confiant, hier à Boumerdès, en affirmant que la dissidence ne dépasserait pas les 3% des militants du MSP, alors que les partisans de Menasra la situaient autour de 60% des troupes du mouvement fondé par feu Mahfoud Nahnah. Le leader du MSP n'a pas manqué de commenter l'actualité chaude de cet été, à commencer par le livre du leader de la zaouïa Alaouiya. Abou Djerra Soltani critique les dessins contenus dans ce livre et le fait que la zaouïa estime que le voile n'était pas obligatoire. Mais il estime que la question mérite d'être débattue dans le calme et avec sagesse. Après avoir dressé un tableau noir de la situation socioéconomique, le leader du MSP est revenu à de meilleurs sentiments, estimant que beaucoup de progrès ont été réalisés, mais il tire la sonnette d'alarme devant ce qu'il considère comme “déviations des mœurs et comportements de la société”. Le leader du MSP critique la loi de finances complémentaire, notamment en ce qui concerne la suppression du crédit à la consommation. Il suggère que le gouvernement reprenne cette formule, au profit des couches moyennes, avec des crédits sans intérêts, comme c'est le cas pour les parlementaires, et la hausse du Smig à 20 000 dinars au moins. Le leader du MSP affiche ses différences par rapport à ses alliés, notamment en ce qui concerne le rôle de la femme dans les institutions, estimant que la politique des quotas est provisoire, tout comme le fut l'utilisation de la langue française depuis 1963, ou encore l'état d'urgence depuis 17 ans. En somme, le leader du MSP a tenu un discours à deux facettes : l'une destinée à la consommation interne, pour dire à ses adversaires qui prônent l'Etat islamique, que le MSP n'a pas perdu son âme islamiste et qu'il marque sa différence par rapport aux partis de l'Alliance présidentielle. Et l'autre facette est celle qui la lie justement à cette alliance et qui voudrait jouer encore un rôle de locomotive dans la promotion du projet d'amnistie générale et de révision profonde de la Constitution. Azzeddine Bensouiah