Le leader du MSP, exige un traitement global du dossier des “indus élus”, comprenant des élections locales, mais aussi législatives partielles. Le président du MSP Abou Djerra Soltani a déclaré, hier, lors du forum d'El Youm : “Il ne peut y avoir de réconciliation nationale si des questions restent en suspens. Aussi le traitement de la crise de Kabylie est-elle en quelque sorte une préparation du terrain pour l'amnistie générale.” Pour lui, l'inscription à la session printanière du Parlement de nombreux projets de loi d'importance (code de la famille, loi sur les hydrocarbures…) obéit à la même logique. “La bataille des législatives sera suivie par celle de l'approfondissement des réformes et l'ouverture de la voie de la réconciliation nationale et de l'amnistie générale pour arriver à une concorde civile globale”, ajoute-t-il encore. Abordant la dissolution des assemblées locales de Tizi Ouzou et de Béjaïa, Soltani ne fera pas la moindre objection à ce que ce soit décidé par décret présidentiel puisque, explique-t-il, il est des prérogatives qui relèvent du président de la République. Bien plus, si c'est le cas, son parti est prêt à participer à ces élections anticipées tout en appelant de ses vœux une forte participation de la population. Mais, il ne fera pas montre de la même disponibilité si la solution retenue est le retrait des élus des partis dans les seules assemblées communales. Dans ce cas de figure, il exige un traitement global du dossier, c'est-à-dire l'organisation des élections communales et législatives en même temps. “Nos élus sont prêts à se retirer. Ils n'attendent qu'une décision de la direction nationale du parti”, souligne-t-il. En décodé, cela veut dire une chose pour le MSP : oui pour les décisions de Bouteflika, mais non pour celles d'Ouyahia. Reproche insidieux est fait à ce dernier d'agir en solo dans ce dossier. “Les décisions individuelles ne doivent pas se répéter. Nous sommes dans une alliance dont le règlement intérieur stipule clairement la nécessité de la coordination entre ses membres sur l'ensemble des questions importantes. Le dossier de la Kabylie, du fait que cette région est en crise, exige une collaboration au plus haut niveau de l'alliance”, conseille-t-il. Reste que ce dossier n'est pas encore dans l'agenda de l'alliance présidentielle. Mais pour ce qui est de l'officialisation de tamazight, Soltani se montrera intransigeant en déniant aussi bien à Ouyahia qu'à Bouteflika le droit de prendre la moindre décision sans passer par un référendum populaire. À une question si ce dialogue avec les archs n'est pas une manière d'exclure les partis politiques, M. Soltani a rétorqué : “Si le gouvernement n'a pas dialogué avec les partis, c'est parce qu'il n'a trouvé d'autres interlocuteurs dans la région que les archs.” Aux partis d'opposition qui se considèrent exclus de la scène, M. Soltani recommande rien moins que de… patienter cinq ans, le temps que le mandat de Bouteflika arrive à son terme. Aux détracteurs de son parti qui lui reprochent de soutenir le projet d'amnistie générale, sans être au fait de son contenu, Soltani assène : “À ceux qui nous reprochent de soutenir un projet flou, nous leur répondons qu'il ne l'est que pour eux. En ce qui nous concerne, il est clair et inscrit dans le programme électoral du président de la République. Pour nous, la réconciliation nationale comme l'amnistie générale sont des questions éminemment politiques. Celle de l'amnistie est limitée dans le lieu comme dans le temps.” Sans le dire clairement, M. Soltani a suggéré que le président de la République “pourrait inscrire la levée de l'état d'urgence dans son projet d'amnistie générale”. Pour ce qui est de la rencontre entre Bouteflika et Shimon Peres, Soltani a soutenu : “Je ne peux donner crédit à ce que dit une télévision et démentir le Chef du gouvernement. Si ce dernier dit que cette rencontre n'a pas eu lieu, moi aussi je le soutiens.” Interrogé sur le nombre réduit et modeste des portefeuilles ministérielles qui sont dévolus à son parti, M. Soltani a eu cette réponse pleine de sous-entendus : “Détrompez-vous, les travaux publics par exemple est un secteur névralgique. C'est vrai que nous n'avions pas eu beaucoup de portefeuilles. Nous avons envoyé un sous-marin qui a heurté un requin. Nous sommes en train de préparer un armement anti-requins.” A. C.