Plusieurs demandeurs de régularisation pourtant ayant des documents en bonne et due forme n'ont pas trouvé de répondant auprès des gestionnaires locaux. Par les temps qui courent, l'acquisition d'un acte de propriété aussi bien dans le foncier que dans l'immobilier relève du parcours du combattant, en particulier dans la wilaya d'El-Tarf. À tous les niveaux, APC, wilaya ou daïra, des citoyens se plaignent du blocage qui ne dit pas son nom. Pour illustrer de telles contraintes, des milliers de pères de famille dans la daïra de Dréan, située à l'ouest du chef-lieu de wilaya, attendent depuis une vingtaine d'années leurs actes de propriété. Il y a autant dans la daïra de Bouhadjar, El-Kala, Ben Mhidi, Bouteldja, Besbès et le chef-lieu pour ne citer que ces grandes agglomérations. Pour contrecarrer les citoyens les administrateurs font ressortir une batterie de lois qui décourage plus d'un. Afin de jouir des fruits de leurs économies acquises depuis de longues années, les citoyens se sont adonnés à un véritable parcours du combattant. Ces malheureux ont réalisé il y a quelques années leurs habitations après avoir fait des sacrifices et serré la ceinture. Mais il est navrant de constater après temps d'années qu'ils n'ont pas encore déniché une issue à leur problème qui se pose de jour en jour avec acuité. Pire, à chaque fois, ils sont ballottés d'un bureau à l'autre. Certains ont frappé à toutes les portes pour que leurs problèmes soient pris en charge par les officiels de cette wilaya de l'arrière-pays. Sans résultat. Loin s'en faut, ces derniers attendent depuis trois, cinq, sept, dix, voire une vingtaine d'années une hypothétique prise en charge sachant qu'au niveau de cette wilaya en matière de biens immobiliers la situation étant des plus dramatiques, c'est une véritable toile d'araignée, un labyrinthe. Ainsi malgré le consentement par des citoyens de payer par tranche le prix du terrain et du logement aucune mesure ne fut prise pour pouvoir régulariser cette situation qui n'a fait que durer et qui pèse lourdement sur les citoyens dont les conditions de logement laissent à désirer. L'opacité entourant cette affaire et le manque de sérieux dans le traitement ne sont pas pour atténuer le stress et l'angoisse des pères de famille concernés, bien au contraire, ils ont tendance à accentuer la déprime de ces derniers. “J'ai présenté un dossier comprenant toutes les pièces nécessaires pour que ma situation soit étudiée. Le préposé au guichet me fait savoir après dix ans que ce dossier doit être déposé auprès du service contentieux de la daïra”, nous apprend une mère de quatre enfants. À la daïra, on lui fait savoir que le problème se trouve au niveau des services de l'APC. Alors elle a décidé de voir l'ex-chef de daïra. Son audition a abouti, nous dit-elle, après plus de six mois pour enfin lui signifier que le dossier manquait de pièces que la pauvre dame avait pourtant déposé auprès des services de la daïra. “La situation actuelle nous paralyse”, nous informe D. Hamid. “Il me faut un toit pour mes enfants. Je veux être tranquillisé avant ma mort”, nous dit-il en se fondant en larmes. Pour notre interlocuteur, le problème serait créé par les demandeurs de régularisation eux-mêmes. Les bails de location sont inscrits aux noms d'ascendants décédés. Donc il leur faut la faridha, souvent objet de litiges entre frères, sœurs, voire même des parents. De tels états de faits retardent généralement la procédure de régulation qui a commencé depuis 1985 selon une loi pondu par les officiels. Les habitants de la daïra de Dréan de plus de 75 000 habitants concernée par ce problème se sont manifestés à plusieurs reprises auprès des responsables et élus locaux qui se sont succédé à la tête de l'APC pour prendre en charge leurs doléances mais aucun n'a daigné leur prêter main-forte. Bien au contraire, la situation a tendance à prendre de l'ampleur si des mesures drastiques ne sont pas prises. Sachant que les vingt-quatre P/APC n'ont pu résoudre l'imbroglio de leurs concitoyens. De nouveaux acquéreurs de rang social différent ont été pourtant régularisés en un tour de main, nous confirme un jeune qui a pris la relève de son père. Les exemples sont légion dans la wilaya, renchérit un autre qui attend son tour pour voir le maire afin de lui exposer ses préoccupations. C'est la raison pour laquelle les habitants s'interrogent sur les raisons de ce comportement des responsables locaux qui n'hésitent pas à appliquer le principe de deux poids, deux mesures, créant ainsi une situation d'injustice incontestable. Ayant ras-le-bol, des citoyens auraient même adressé une longue correspondance au premier responsable en lui expliquant la situation mais ils n'ont reçu aucune réponse à leurs préoccupations, ce qui laisse libre cours aux magouilleurs au niveau de cette wilaya. Plus de 12 000 citoyens attendent leurs actes de propriété dans les sept daïras de la wilaya. Alors que des villas, appartements biens de l'Etat à travers la wilaya ont été cédés à des prix qui vous laissent perplexe, dix fois moins que leur prix réel. Le plus grand nombre se trouve dans les daïras de Ben Mhidi et de Dréan. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, au niveau des services de l'OPGI, plusieurs citoyens ont été récemment régularisés sans la moindre contrainte bureaucratique pourvu que les citoyens aient les pièces demandées et que le logement en question ne soit pas cédé après 2002. Certains comptent dans les prochains jours déléguer une commission pour saisir le ministre de l'Habitat sur leur situation dramatique vécue au quotidien ainsi que sur les conséquences qui peuvent en résulter. Cette situation de statu quo a fait que le manque de délimitation du foncier entre citoyens a généré des querelles entre voisins qui parfois se permettent de se piétiner. Des querelles actuellement devant les tribunaux. Tahar BOUDJEMAA