La politique économique fondée sur la rente a engendré des conséquences néfastes pour le pays. Avec le temps, l'on constate que les gisements pétroliers enfouis et exploités dans le Sud causent autant de bienfaits que de désavantages à l'Algérie. Les observateurs épris de discours extrémistes n'hésitent pas à qualifier nos réserves pétrolières de “malheur” du pays. Si la prospérité pétrolière, marquée par une hausse inouïe des prix notamment en 2008, a renfloué certes, les caisses de l'Etat, il n'en demeure pas moins qu'elle a instauré de nouvelles habitudes, de mauvaises, dirions-nous, sur la scène économique du pays. L'important matelas de réserves de change, l'accroissement des revenus issus de la fiscalité pétrolière et la consistance du Fonds de régulation des recettes sont autant de facteurs qui, en plus d'améliorer la situation financière du pays, ont malheureusement encouragé l'émergence d'un système fondé sur la rente. Au fil des années, des pans entiers de l'économie nationale ont complètement disparu de la sphère. Au lieu de profiter de cette favorable conjoncture pour faire redémarrer l'économie sur des bases nouvelles et surtout saines, les pouvoirs publics ont choisi la politique rentière et la stratégie du non-investissement. Résultats des courses : des secteurs entiers, fierté de l'Algérie d'autan, sont devenus inertes et n'apportent aucune contribution pour le développement du pays. Néanmoins, la logique et la bienséance voudraient que l'on ne doive plus s'inféoder à ce type de politique prônée jusque-là. L'on doit s'attarder sur l'industrie dont l'apport dans le produit intérieur brut (PIB) ces dernières décennies, n'a pas atteint les deux chiffres. L'année passée le taux était encore de 5% seulement. Ce qui demeure insignifiant pour un pays, en voie de développement, ou émergent comme l'Algérie. C'est dire que l'Etat n'a pas exploité ses entrées en devises au profit d'une véritable relance de son économie. Les secteurs tels que l'agriculture, les travaux publics et l'habitat n'ont pas su bénéficier de cette aisance financière. Les PME ont été, elles aussi, les victimes de cette richesse pétrolière. La consommation apparue au lendemain de l'annonce des cours de pétrole à 147 dollars le baril, et la demande locale qui s'est exprimée n'ont pas trouvé satisfaction sur le plan interne. La cause ? Une absence criante de production. D'où le recours en urgence à l'importation. Ainsi, le marché national a été envahi par des produits étrangers qui ont constitué une sérieuse concurrence pour les PME algériennes. Certaines d'entre elles ont carrément mis la clé sous le paillasson, supprimant ainsi des milliers d'emplois. Des observateurs ont même qualifié l'Algérie de pays sans usines. Des producteurs n'ayant pas pu supporter la concurrence étrangère se sont reconvertis en importateurs. Or, l'Etat gagnerait à encourager et renforcer ses PME qui, une fois développées, peuvent faire de l'Algérie une puissance dans le concert des nations les plus industrialisées. Un pays ne peut s'imposer sur le marché international que grâce à la performance et la compétitivité de ses entreprises. Réduire les importations, un des objectifs assignés à la loi des finances complémentaire pour 2009, est loin d'être un acte inopportun. Cela devrait encourager la production nationale et par ricochet, les PME algériennes. Outre les réussites scientifique, culturelle et technologique, l'Algérie, estime Mourad Preure, professeur de stratégie et de géopolitique, gagnera la bataille du développement grâce au succès commercial de ses capitaines d'industrie. Les USA ont compris les avantages d'une telle stratégie. Les succes-stories des firmes comme HP, Dell Computers, Microsoft… n'ont été possibles qu'avec les financements et des commandes publiques dont ces petites PME qu'elles étaient, avaient bénéficiés dans le passé. Alors, il n'est pas un péché que de prendre exemple sur les Etats-Unis dont le choix économique a apporté ses fruits. Aux puissants groupes qui émergent dans le pays d'entraîner avec eux un réseau de PME. Celles-ci doivent être impliquées dans des projets d'envergure et les imposer même au partenaire étranger comme condition de concrétisation de tout investissement.