Ils irriguaient leurs terres avec l'eau des égouts afin d'écouler leurs courgettes, tomates, salades, carottes, pommes de terre durant ce mois de Ramadhan. Les éléments du groupement de la Gendarmerie nationale de la wilaya de Sétif ont procédé, lors de descentes effectuées en fin de semaine dernière au niveau de plusieurs terres agricoles, à l'arrestation de fellahs incriminés dans la plus grande affaire d'irrigation de terres agricoles avec des eaux usées. En effet, pas moins de 100 hectares de terres agricoles dans la région de Sétif, Mezloug et Guidjel au sud du chef-lieu de wilaya sont touchés, depuis plusieurs années par ce phénomène connu de tous les Sétifiens. Au moment où le niveau des eaux des puits a baissé, certains fellahs des régions et localités précitées ont eu recours à l'irrigation de leurs terres respectives en utilisant les eaux usées. Dans certaines régions, comme c'est le cas à Aïn Mouss, près de la cité CNL, certains paysans, qui ne se soucient guère de la santé de leurs concitoyens, ont obstrué les avaloirs et égouts pour faire déborder les eaux usées et inonder les terres. Selon des informations en notre possession, les paysans arrêtés ont utilisé les eaux usées de Oued El Chouk qui traverse Mezloug, Guidjel et Sétif. Les cultures maraîchères irriguées avec ces eaux constituent un véritable danger pour la santé publique. Elles ont un lien direct avec la typhoïde qui tue chaque année des dizaines de personnes. Les services concernés ont procédé, aussi, à la destruction des cultures (tomate, poivron, salade, courgette, pomme de terre, carotte…) qui étaient sur le point d'être cultivées et écoulées, sans aucune pitié, lors du mois sacré. L'opinion publique est habituée à supporter la spéculation de la chaîne agricole durant le mois sacré et les période des fêtes. Cette fois-ci, elle découvre, la peur dans le ventre, que le manque d'honnêteté des uns et l'absence d'une politique de suivi de la traçabilité des produits chez les autorités, sont une véritable menace, non pas sur sa bourse, mais sur sa santé tout court. Quand on sait que des épidémies, comme la typhoïde, laissent des séquelles irréversibles, on mesure l'ampleur du drame. Et dire que ces énergumènes sont les premiers à faire les prières, les tarawih, le sacrifice et à manifester dans les rues pour protester contre les atteintes aux symboles de la religion! Les mis en cause ont été présentés devant le procureur de la République qui les a placés sous mandat de dépôt en attendant leur jugement. F. SENOUSSAOUI