Le débat autour des rencontres des civilisations occupe aujourd'hui bien des espaces médiatiques un peu partout dans le monde. La civilisation, considérée comme étant le cumul des activités humaines, est caractérisée par des réalisations aussi diverses que nombreuses autour des métiers, de la culture, de la vie intellectuelle, de la spiritualité, etc. L'ensemble a abouti à une conception plurielle de la vision du monde. C'est de cette représentation multiple du monde qu'est née la différence entre les civilisations et, donc, entre les peuples. De plus, et au fil des siècles, ils ont été tenus distants les uns des autres, d'abord géographiquement puis politiquement. Ainsi, l'œuvre du temps a façonné et personnifié l'évolution humaine. Pour des raisons de géostratégie, d'intérêts économiques, de colonisation et d'expansions religieuses, chaque civilisation tente d'instaurer sa suprématie. Des blocs entiers de régions ou des états entre eux, s'espionnent, se méfient, se jaugent et se guettent mutuellement. S'en est suivis alors des conflits et des guerres qui ont installé entre les peuples des frontières mentales. Dès lors, les civilisations sont compartimentées et sont devenues potentiellement source de nouvelles hécatombes. La culture de la guerre doit laisser place à la conquête de la découverte mutuelle et nous sommes de plus en plus nombreux à convenir qu'il ne peut y avoir place à justifier l'application des attitudes sous quelque prétexte que ce soit, à l'exemple des nationalismes étroits, des extrémismes religieux, des exclusions, des racismes et autres agissements allant dans le sens contraire de l'évolution de la morale humaine. C'est ainsi que la société civile pan mondiale tente de briser la carapace politique imposée par les états, en initiant des rencontres et des ouvertures. Peu à peu, l'écart entre les groupes humains se rétrécit à mesure que s'intensifient les contacts et les échanges. De ces rencontres fusent des débats passionnants et passionnés, quelquefois houleux en raison du retard mis à se connaître. Une forme de culture de la connaissance réciproque s'installe comme barrière sûre contre les rivalités et les antagonismes anciens. Le besoin pressant et apparent de la rencontre avec l'autre, à la découverte de l'autre, semble être une réaction cyclique chez l'homme. Ce que tente d'expliquer le penseur Robert Tricoire qui déclare que “La pensée primate, supposée primitive, a constitué tout au long de l'histoire le réservoir inépuisable où se sont alimentés les grands cycles de civilisation et auquel l'humanité vient périodiquement se ressourcer.” Aujourd'hui, ce qui devrait nous importer dans ce gigantesque débat d'idées ce n'est point de chercher en quoi nos civilisations diffèrent, mais plutôt où peuvent-elles se rejoindre du moment que le terme “choc” des civilisations ne semble pas approprié. A. A. kocilnour@yahoo.fr