Le secteur de l'éducation a réglé deux problèmes : il n'aura pas à heurter la sensibilité islamiste en travaillant le vendredi et les enseignants gagnent par cette concession un week-end de deux jours francs. Tout a été dit sur l'état de l'Ecole algérienne. Si bien qu'aujourd'hui, les artisans de sa régression peuvent se reposer… les sixième et septième jours. Ce sont les enseignants, plus précisément leurs représentants syndicaux, qui s'occupent d'appauvrir, avec une espèce de pédagogie de la paresse, la production scolaire. Observons que loin de relever de la préoccupation démocratique, l'idée d'une réorganisation de la semaine et de l'année scolaires a été imposée par l'avènement du week-end “semi-universel”. Pour le ministère, il fallait “placer” le programme actuel dans une année scolaire révisée sans toucher à la vacance intégrale du vendredi. Trente-cinq semaines, au lieu des vingt-sept actuelles, c'est trop long, ont répliqué les syndicats. Et quarante-cinq minutes par séance, c'est trop court. À moins que les quarante-cinq minutes ne comptent pour une heure… comme le réclamait le président du Snapest ! Au final, le ministre a renoncé à son projet, sauf sur la date de la rentrée, qu'il ne veut pas renvoyer pour “après le Ramadhan” comme son collègue de l'Enseignement supérieur. Benbouzid n'est peut-être pas encore acquis au calendrier lunaire. Même si ce débat n'aurait pas eu lieu sans cette angoisse politique qui fragilise le pouvoir dès qu'un dossier est susceptible de réveiller la vigilance intégriste. Que le responsable du syndicat SNTE “informe” le ministre d'une correspondance à l'intention du président de la République lui demandant de revenir sur la semaine “semi-universelle” replace l'enjeu dans son véritable contexte : une confrontation idéologique. Dans ce marché fait sur le dos de la pédagogie, et donc des enfants, l'accord final donne après ceci : on ne touche ni au vendredi ni à l'année. On rétrécit la semaine, avec une demi-journée de fermeture le mardi et surcharge des jours ouvrables. Et en prime, plus de temps pour les cours privés, cette industrie dont l'évolution donne à elle seule la mesure de l'échec scolaire national. Les élèves ? Les élèves sont renvoyés à la comptabilité des séances : ils auront leur dose de cours. Qu'importe qu'ils l'ingurgitent par dose de quarante-cinq ou soixante minutes par heure, en quatre jours et demi ou en six jours par semaine, en vingt-sept ou en trente-cinq semaines par année scolaire ! D'autant plus que les parents d'élèves, dont les structures ont aussi des allures d'“organisations de masses”, n'y voient pas d'inconvénients, eux non plus ! Si la paix idéologique et la paix sociale trouvent un terrain d'entente, la pédagogie peut attendre. À quand une Ecole pour les enfants d'abord ? M. H. [email protected]