Plusieurs personnalités du camp réformateur, dont des proches de l'ancien président Mohammad Khatami, ont été présentées, hier, devant le Tribunal révolutionnaire de Téhéran, accusées d'être les “cerveaux” des manifestations postélectorales en Iran, selon la presse. “La quatrième audience du Tribunal révolutionnaire qui juge les cerveaux des récents incidents a débuté”, a indiqué, hier, l'agence iranienne Fars. Quelque 140 personnes ont été présentées, depuis le 1er août, devant le Tribunal révolutionnaire pour leur implication dans les manifestations qui ont suivi la réélection de l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad à la présidence le 12 juin. Les personnes qui comparaissaient hier, une vingtaine en tout, sont des proches de M. Khatami, comme l'ancien ministre-adjoint de l'Intérieur, Mostafa Tajzadeh, l'ancien ministre-adjoint des Affaires étrangères, Mohsen Aminzadeh, l'ancien adjoint au ministre de l'Economie, Mohsen Safaie-Farahani, et les réformateurs Mohsen Mirdamadi et Abdollah Ramezanzadeh, selon les médias iraniens. Behzad Nabavi, l'un des penseurs du mouvement réformateur et ancien ministre du gouvernement de Mir Hossein Moussavi, conservateur modéré et principal rival de Mahmoud Ahmadinejad à l'élection présidentielle, et un intellectuel irano-américain Kian Tajbakhsh figurent également parmi les accusés. Saeed Leylaz, un journaliste réformateur connu, et Mohammad Ghoochani, le rédacteur en chef d'Etemad Melli, journal de Mehdi Karoubi, autre réformateur, candidat malheureux à l'élection présidentielle, sont également sur le banc des accusés. Un autre éminent membre du camp réformateur, Saeed Hajjarian, assigné à résidence depuis son arrestation le 16 juin comparaît également, selon l'agence de presse Isna. Le procureur a accusé certains groupes politiques d'avoir, “avec la coopération de médias occidentaux et d'ambassades colonialistes, semé la confusion et utilisé les partisans des candidats défaits pour mener un coup d'Etat en douceur”, selon la télévision d'Etat. Il a également accusé les partis réformateurs, comme le Front de la participation et l'Organisation des moujahidine de la révolution islamique (Omri) de “mentir” et de répandre des “rumeurs de fraudes”. Dans sa déposition écrite, lue par un autre accusé, Saeed Hajjarian s'est excusé des “énormes erreurs” qu'il a commises en raison de “mauvaises analyses”. “Je demande pardon à la grande nation iranienne, je démissionne du Front de la participation et annonce mon adhésion totale à la Constitution et (ma fidélité) au guide suprême” Ali Khamenei, a indiqué l'agence Fars citant sa déposition. Les audiences ne sont pas ouvertes à la presse étrangère et aucun verdict n'a été rendu jusque-là dans ces procès dénoncés par des responsables de l'opposition et la communauté internationale comme des “procès spectacle”.