Privation de sommeil, gifles, simulacre de noyade et autres brutalités font parties des méthodes utilisées par la CIA pour obtenir les aveux de terroristes présumés, selon une note de l'agence de renseignement. Le document, adressé aux conseillers juridiques du département de la Justice, le 30 décembre 2004, a été publié lundi à la suite d'une plainte d'Amnesty international et de l'Union américaine pour les libertés civiques (Aclu), en vertu de la loi sur la liberté d'informer. Le Washington Post en avait déjà signalé l'existence. Le ministre américain de la Justice, Eric Holder, a chargé lundi un procureur spécial d'enquêter sur les méthodes d'interrogatoire de la CIA. Le comité d'éthique du ministère l'avait invité à envisager des poursuites à l'encontre des membres de l'agence et de ses prestataires ayant eu recours en Afghanistan et en Irak à ces méthodes jugées illégales. "L'objectif de l'interrogatoire est de créer un état de vulnérabilité patent et une dépendance favorable à la collecte d'informations", écrit l'auteur de la note, qui détaille la procédure applicable aux cadres d'Al Qaïda envoyés dans les centres de détention secrets. Au préalable, précise-t-il, les détenus peuvent être dévêtus et maintenus "enchaînés dans une position verticale", de façon a les priver de sommeil. Une fois l'interrogatoire entamé, l'agent peut avoir recours à la "gifle insultante" pour punir le détenu sur le champ, mais l'une des méthodes les plus efficaces, baptisée "walling", consiste à projeter la tête du prisonnier contre un mur. "Un HDV (high-value detainee, en français détenu de grande valeur) peut être soumis au walling une fois pour marquer le coup, ou 20 à 30 fois consécutives lorsque l'interrogateur a besoin d'une réponse plus précise", dit la note. Ces interrogatoires avaient lieu dans des cellules spéciales dont l'un des murs était fait de contreplaqué afin d'éviter les blessures graves, selon le Washington Post. George Little, porte-parole de la CIA, cité par le quotidien, a souligné qu'ils étaient régis par des directives approuvées par d'éminents responsables juridiques de l'administration Bush. "Ce programme, qui n'a jamais constitué qu'une part minime des initiatives antiterroristes de la CIA, est terminé", a-t-il ajouté. D'autres cadres de l'agence, également cités par le Post, ont insisté sur le fait que ces méthodes étaient réservées à un petit groupe de suspects supposés détenir des informations au sujet des attentats du 11 septembre 2001.