Le FLN craint une fraude électorale lors de la prochaine présidentielle. C'est Abderrezak Dahdouh, membre du bureau politique (BP) du parti, qui a exprimé, hier, cette appréhension à l'occasion d'une rencontre des 57 kasmas d'Alger. Les doutes qu'exprime M. Dahdouh visent directement les responsables chargés de la préparation de la présidentielle de 2004. “Quand on sait que ce sont ces gens-là qui ont la charge de préparer la présidentielle, tout en se proclamant partie prenante du conflit (au sein du FLN, ndlr) et travaillant sous la coupe de certains cercles du pouvoir, il est impossible qu'ils soient neutres lors de cette élection”, martèle-t-il tout en réitérant qu'“il est impossible qu'ils organisent des élections crédibles et transparentes”. Les accusations du représentant du secrétaire général du FLN, Ali Benflis, lors de la rencontre d'hier, ciblent le ministre de l'intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, même s'il prend le soin de ne pas le nommer. Autre raison qui fait craindre la fraude électorale chez le FLN : les codes communal et de wilaya et la loi électorale en vigueur. L'inconvénient des codes communal et de wilaya pour Dahdouh réside dans le fait qu'ils offrent beaucoup plus de prérogatives à l'administration au détriment de l'élu. “Si on laisse les assemblées locales sous la coupe de l'administration, la transparence des élections ne sera pas garantie”, avertit-il. La loi électorale est considérée par ailleurs comme désuète par rapport “aux évolutions dans le monde”. “L'Algérie ne doit pas être à la traîne des pays développés”, recommande-t-il. Dans ce cadre, le membre du BP du parti annonce que le FLN fera, prochainement, la proposition de deux avant-projets de loi concernant la loi électorale et les codes communal et de wilaya. Il expliquera à ce propos : “nous sommes à quelques mois de la présidentielle, les Algériens sauront prendre leurs responsabilités. Il s'agit d'une cause commune pour laquelle nous devons combattre.” Revenant, par ailleurs, en longueur sur les tentatives de déstabilisation des structures du parti, M. Dahdouh accuse directement Zerhouni d'être derrière ces agressions : “Le ministre de l'Intérieur a fait tomber, lundi à Constantine, son masque en avouant qu'il est partie prenante du conflit”. “Mais depuis quand le ministre de l'Intérieur a-t-il un droit de regard sur les affaires internes d'un parti ? Qui lui a donné cette prérogative ?”, s'interroge l'intervenant avant de rétorquer : “Ce n'est pas la jungle ! Les lois de la république existent et elles sont claires : le ministre ne peut intervenir que lorsqu'il s'agit d'un congrès constitutif alors que le VIIIe congrès du FLN est ordinaire”. “S'il y a donc des recours, ils ne doivent être adressés qu'au parti, pas au ministère”, souligne-t-il. Interrogé, en outre, sur les partisans de Bouteflika qui s'emploient à préparer un congrès bis, Dahdouh répondra que “cela les concerne”. “Nous sommes, dira-t-il, un parti agréé qui travaille dans la légalité et le respect total des lois de la République. Toutes les déclarations qui se font en dehors du parti ne nous concernent pas”. La rencontre, hier, des kasmas d'Alger, organisée en guise de riposte à une réunion des comités de soutien à Bouteflika, lundi dernier, dans la capitale, a permis de savoir que ces structures de base du FLN soutiennent le secrétaire général de leur formation.“Les 57 coordinateurs des kasmas d'Alger sont devant vous !”, dira Ahmed Boumehdi, responsable de la coordination des kasmas de la capitale. Et d'ajouter : “Interrogez-les sur le FLN et vérifiez s'ils s'opposent à la direction du parti ! Ils soutiennent tous Ali Benflis, ils approuvent les résolutions du VIIIe congrès et les instances dirigeantes issues de ce congrès”. D'ailleurs, dira-t-il, “les membres des bureaux des kasmas ont élaboré une pétition dans laquelle ils expriment publiquement leur appui à Benflis”. Selon M. Boumehdi : “Il n'y a personne sur les 13 000 militants du parti qui vous dira que je suis contre M. Benflis.” Dahdouh, de son côté, martèlera sur un ton ferme que “le FLN ne renoncera jamais à son projet de société qui est un projet moderne, républicain et démocratique”. “Le FLN, dira-t-il, ce ne sont pas uniquement des structures mais ce sont également des idées, un programme et des hommes et des femmes. Notre parti restera fidèle à ses engagements envers ses militants en optant pour le rajeunissement et l'intégration de la femme dans ses structures”. “Nous sommes décidés à ce que le multipartisme demeure et à ce que la légitimité populaire soit la règle”, conclut-il. N. M.