Pour protéger le Président, le ministre de l'Intérieur est allé plusieurs fois au charbon. Les rapports de force risquent de basculer en faveur du parti de Benflis à la suite des accusations, aux relents de scandale contre le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni. Le coup de starter a été donné, il y a un mois, par Abderrezak Dahdouh, chargé des relations internationales au sein du FLN. «Il est impossible que des personnes qui sont juge et partie dans un conflit puissent organiser des élections crédibles», avait-il déclaré lors de la réunion des kasmas d'Alger en faisant allusion au ministre de l'Intérieur. Implicitement Dahdouh demandait tout simplement le départ de Zerhouni. Cette crainte de la fraude électorale, exprimée pour la première fois par le parti majoritaire, a été subtilement reproduite par le secrétaire général du FLN aussi bien lors de son meeting à Blida (il y a quinze jours) que lors de son discours d'inauguration de l'université d'été. «L'administration doit être au service du citoyen et il faut un statut pour protéger les commis de l'Etat» a-t-il insisté. Il ressort que c'est tout le problème de la neutralité de l'administration qui est posé à travers la présence de Zerhouni à la tête du ministère de l'Intérieur. Les dirigeants du FLN estiment que le parti pris affiché par Zerhouni dans la crise que subit leur parti annonce un avant-goût de ce que seront les résultats de la future élection présidentielle. La présence de Zerhouni à l'Intérieur est-elle une garantie politique et institutionnelle pour le Président? Selon les mêmes dirigeants pro-Benlis, Zerhouni contrôle un des maillons les plus importants de l'architecture du système. Les wilayas, les APW, les APC, les daïras et la sûreté publique sont sous la coupe d'un département superpuissant et qui devrait l'être, davantage, avec la probable entrée en vigueur du décret portant création d'une structure chargée de reconfigurer l'activité du renseignement (Dstc). Pour protéger «le raïs», Zerhouni est allé plusieurs fois au charbon : le dossier Wafa et la polémique avec Ahmed Taleb El-Ibrahimi, la réforme des collectivités locales et les affaires de malversation et de corruption (walis radiés), la lutte antiterroriste diluée dans la concorde civile et une gestion catastrophique de la crise en Kabylie. Etant un homme public sujet à critiques, Zerhouni est loin d'être un ange. C'est lui que les militants et la direction du FLN accusent toujours d'être derrière le complot de déstabilisation de leur parti. Dans sa sortie précipitée à Constantine il y a trois semaines, Zerhouni a non seulement confirmé son implication, mais aussi dévoilé l'arme qu'il s'apprête à brandir contre le FLN, à savoir l'article 11 de la loi organique relative aux partis politiques. Cet abus annoncé était destiné à achopper sur un obstacle politico-juridique insurmontable. Sur ce terrain qui est le sien, Ali Benflis a déjà acculé le ministère de l'Intérieur en lui adressant une correspondance exhaustive sur les préparatifs et les conditions de déroulement du 8e congrès du FLN. Le dossier est loin d'être terminé puisque le parti majoritaire menace, encore une fois, et de plus belle cette fois-ci, de retirer ses ministres «dans un gouvernement qui assisterait à une fraude massive au détriment de leur parti». La décision n'est pas sur le point d'être prise «mais d'après les pratiques actuelles du département de Zerhouni, il est possible qu'on en arrive à ce recours limite», a déclaré hier, Abdeslam Medjahed, membre du bureau politique et chargé de communication du FLN.