La bataille de Badr a donné lieu à des interprétations et écrits innombrables, dans lesquels les faits sont rapportés avec une grande fidélité. On peut toutefois les résumer en deux axes : la stratégie et la tactique de guerre proprement dégagées par le Prophète (Prière et Salut soit sur lui) et ses compagnons, basées sur l'intelligence, la consultation et l'expérience, d'un côté, et le soutien et l'intervention divine directe, de l'autre. Pour une fois, grâce à la tradition et à la révélation, nous sommes informés presque dans le détail de ces deux volets. Pour le premier, le Prophète (P. et S. sur lui) a, certes, ordonné l'interception de la caravane mecquoise, dirigée par Abou Sofiane, le deuxième homme de Koraïch, qui passait près de Médine. Mais pour la conduite de l'opération et la gestion de la tournure prise par la suite par le secours en renfort de Koraïch, il a consulté ses compagnons pour avoir leurs avis, leurs approbations et leurs engagements qu'ils soient parmi les Mouhadjirine (émigrés) ou les Ansars (les autochtones de Médine). De l'autre, le Prophète (P. et S. sur lui), qui avait mesuré la gravité de la situation, n'avait pas cessé d'implorer Dieu avec force et conviction pour l'aider à sortir victorieux. Le rapport de force était de loin favorable à Koraïch qui s'était bien préparé pour la circonstance : il y avait un croyant pour trois hommes et demi adverses, en plus de la supériorité logistique, plus de 300 cavaliers mecquois contre 70 médinois. 1. La bataille psychologique Au plan de l'intervention divine, elle était de deux sortes : la guerre psychologique et l'intervention. “Seigneur ! Si vous laissez cette poignée d'hommes croyants qui luttent pour votre cause se faire écraser, vous ne serez plus jamais adoré sur terre” Dieu acquiesça à son messager tant l'imploration était sincère et la cause juste. Ceci est notamment rapporté dans sourate El Anfel et Ala Imrane. C'est d'une véritable guerre psychologique qu'il s'agit, pour saper le moral des troupes adverses. On est informé comment Dieu a montré en songe à son Prophète (P. et S. sur lui) que ses ennemis étaient en petit nombre pour l'encourager et le galvaniser et inspiré par ses anges aux troupes koraïchites des visions du surnombre en leur faisant miroiter que les troupes adverses étaient infimes, qu'elles en feraient une bouchée double dans l'objectif ainsi de les induire en erreur et les démobiliser. Dieu promettra également à son Prophète l'envoi de 3 000 anges puis 5 000 pour faire descendre la patience et la saquina (la paix) sur les croyants et les appuyer au besoin par des actions directes. C'est cela la main divine. 2. La tactique et la conduite de guerre : c'est une affaire essentiellement d'hommes. Celle-ci a porté sur : - la préparation et la discipline de guerre des croyants. Eux aussi se sont présentés en étant armés du nécessaire en se constituant en plusieurs corps. Il y avait les cavaliers, les porteurs de sabres, de flèches, de lances de fer et les armatures ; - l'occupation du point d'eau situé à Badr et le choix du terrain de guerre, deux points forts pour priver d'eau et de positions stratégiques leurs adversaires qui arrivaient de loin, du milieu du désert. Ce choix a été suggéré par le chef des Ansars au fait de la ruse de guerre. Les musulmans s'étaient distingués dès le départ par la traditionnelle confrontation des meilleurs guerriers en remportant les trois combats engagés, dont ceux mémorables du vétéran Hamza et du jeune Ali, que Dieu les agrées. Les étapes successives qui engageaient les troupes de part et d'autre furent toutes à l'avantage des musulmans. Les troupes musulmanes non seulement tinrent bon sur tous les plans, que ce soit pour les échanges de flèches, les attaques de cavalerie, l'engagement au corps à corps et la bataille de sabres, mais prirent le dessus. Exaspéré devant ces déconvenues et les pertes subies, le chef mecquois et emporté par la colère, Abou Djahl qui dirigeait ses troupes à l'arrière-garde, descendit au combat où il fut atteint à mort par les guerriers musulmans. L'annonce de sa mort acheva le reste et contraignit Koraïch à battre en retraite dans le grand désordre. Dans les rangs des croyants, c'est la joie en prononçant des gloires à Dieu et la ruée vers le butin et la poursuite des ennemis réussissant à en emprisonner un grand nombre. De par la conviction, la justesse d'une cause, la discipline et l'engagement, le miracle a eu lieu. Une poignée d'hommes décidés et bien orientés par le Prophète de Dieu (P. et S. sur lui) a réussi à vaincre un ennemi trois à quatre fois supérieur et puissamment équipé. Dieu avait tenu sa promesse. Les croyants aussi. Badr demeure une leçon pour les stratèges de guerre. Elle est aussi à méditer pour tous ceux qui dévient du bon chemin en utilisant le djihad à tort et à travers. Dieu reconnaît les siens. Demain : le début d'une nouvelle ère.