Le cargo Arctic Sea, détourné dans les eaux suédoises le 24 juillet dernier et libéré à la mi-août au large du Cap-Vert, ne transportait pas de missiles pour l'Iran. L'information au sujet de la cargaison de missiles sol-air S-300 destinés à l'Iran a été rapportée par la presse, citant une source israélienne. Information démentie par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a exclu la présence d'armes à bord du cargo battant pavillon maltais et transportant officiellement du bois. “La présence de S-300 dans les soutes du cargo est un pur mensonge”, a affirmé M. Lavrov lors d'une conférence de presse après un entretien avec son homologue slovaque, Miroslav Lajcak. Le chef de la diplomatie russe a promis que “l'enquête sera transparente et montrera que les bruits au sujet des S-300 sont dépourvus de tout fondement”. Spéculations et rumeurs n'ont pas manqué, dans la presse, particulièrement le britannique Sunday Times et le quotidien autrichien Salzburger Nachrichten qui, s'appuyant sur les déclarations de la source israélienne, ont accouché de plusieurs versions sur les raisons et l'identité des auteurs de l'arraisonnement du bateau. Pour les deux publications, les auteurs du détournement, au nombre de huit, sont envoyés par Moscou pour intercepter l'Arctic Sea après avoir été informé qu'un groupe maffieux (trafiquants d'armes) a chargé des missiles S-300 à son bord. Hypothèse plutôt mince, d'autant plus que Moscou a dû recourir à sa marine pour libérer le bateau et arrêter les trois auteurs. Dans un premier temps, les huit auteurs, issus de républiques de l'ex-URSS, ont été présentés comme travaillant pour le compte du Mossad, le service secret israélien. Probable ! Les agents israéliens ou sous-traitants suivent de près l'activité des ports de cette zone dont les pays, particulièrement la Russie qui demeure le premier fournisseur d'armes pour les résistances et les pays catalogués dans l'axe étatsunien du mal, et donc ennemis d'Israël. D'ailleurs, la source des deux journaux a donné bien des détails sur les mouvements du cargo. “Le chargement aurait été effectué alors que le bateau était immobilisé pour sa réparation dans le port de Kaliningrad, une enclave russe entre la Lituanie et la Pologne”, a rapporté le Salzburger Nachrichten. Plus fantaisiste, peut-être, le rédacteur de l'article avance que l'Iran a pris contact avec un groupe maffieux formé de militaires russes pour organiser la livraison de ces armes “modernes”. Le contrat a été révélé au FSB, ex-KGB, les services secrets russes, par un service occidental. Ce qui explique, selon le journal, le temps mis par Moscou pour réagir et libérer le bateau. L'autre indice largement évoqué est la personne de Mikhaïl Voïtenko, qui a révélé la disparition du bateau et qui a fui la Russie juste après avoir été “approché par des gens travaillant dans l'intérêt de l'Etat”, et qui l'ont prévenu du danger qu'il courait. Il se sent en sécurité en Turquie où il s'est “éclipsé” pour trois ou quatre mois, comme il l'a confié à la presse. Mais le plus grand mystère demeure la visite éclair en Russie du président israélien, Shimon Peres, le 19 août. Elle a été liée à l'affaire de l'Arctic Sea par le ministre israélien des Affaires étrangères qui a affirmé que le but de cette visite de Peres est d'apporter “des preuves concrètes que l'Iran et la Syrie fournissent des armes au Hamas et au Hezbollah”. Une déclaration qui ne dévie pas d'un iota de la perception israélienne de ses voisins “ennemis”, et dont l'actuelle accusation n'innove en rien. Ou alors, l'agitation israélienne participe du forcing contre les Russes pour faire capoter tout contrat d'armement avec un pays de la région. Comme c'était le cas avec le mystérieux échec de la vente des chasseurs Mig-29 pour la Syrie. Contrat mis en échec, a-t-il été révélé plus tard, par des pressions d'Israël.