Le cargo battant pavillon maltais avec 15 membres d'équipage russes a été détourné en juillet dernier. Les pièces à conviction saisies à bord du cargo Arctic Sea, libéré en août dernier par la marine russe après une disparition de plusieurs semaines, arriveront en octobre à Novorossiïsk, port russe sur la mer Noire, a annoncé avant-hier, un responsable de haut rang du ministère russe de la Défense. «Le navire militaire (transportant les pièces à conviction) est attendu à Novorossiïsk à la mi-octobre», a indiqué le même responsable. Ces pièces à conviction susceptibles d'être utiles à l'enquête ont été chargées sur un pétrolier russe en route pour Novorossiïsk, selon le comité d'enquête auprès du Parquet général russe. Le cargo battant pavillon maltais avec 15 membres d'équipage russes a été détourné en juillet dernier alors qu'il faisait route de Finlande vers le port de Béjaïa. Le 16 août dernier, il a été retrouvé au large du Cap-Vert, dans l'Atlantique. Selon l'instruction, l'Arctic Sea a été détourné par huit pirates estoniens, lettons et russes. Le patrouilleur Ladny de la flotte russe de la mer Noire a libéré le navire sans qu'un coup de feu soit tiré. La cargaison de l'Arctic Sea a fait l'objet de spéculations dans les médias qui ont notamment supposé que le cargo transportait de la drogue ou des missiles sol-air S6-300. Vendredi dernier, le cargo s'est vu interdire l'entrée dans le port espagnol de Las Palmas (îles Canaries), a annoncé un responsable de l'administration portuaire de Las Palmas. Il s'agit probablement de problèmes techniques affectant le cargo battant pavillon maltais, qui peut présenter un danger pour les autres navires à Las Palmas, selon le département général de la Flotte marchande d'Espagne. Le responsable de l'administration portuaire avait annoncé plus tôt que les autorités portuaires avaient autorisé l'entrée du vraquier dans le port où il était attendu vers 19h00 GMT. Quelques jours plus tard, soit mercredi, la Russie avait rapporté que les experts russes et maltais avaient achevé l'instruction à bord du vraquier, mais jeudi, le navire n'est pas entré dans le port de Las Palmas, Malte refusant d'envoyer un représentant pour participer à la remise du navire à son propriétaire. Cela étant, l'affaire de l'Arctic Sea transportant du bois et qui devait accoster au port de Béjaïa le 4 août 2009, continue à faire des vagues. Selon les révélations d'un journal autrichien, Salzburger Nachrich-ten, le navire transportait dans ses cales des missiles très sophistiqués. Cette révélation pourrait dissiper des zones d'ombre et le suspense liés à la mystérieuse disparition de ce navire. Même si cette information est à prendre avec des pincettes, il n'en reste pas moins que le mystère entourant le feuilleton de la disparition du cargo maltais demeure entier. Ainsi, selon ce quotidien, l'Arctic Sea convoyait, outre sa cargaison officielle de bois, des missiles sol-air S6-300 pour l'Iran qui traitait avec la mafia russe car, selon le même journal, cet armement de pointe est expédié par un groupe mafieux russe. L'Iran aurait pris contact avec ce groupe composé de militaires russes acceptant des contrats douteux pour arrondir leurs fins de mois difficiles. Le correspondant du journal à Jérusalem, qui a rapporté cette information, a affirmé, en citant des sources israéliennes, que les missiles ont été chargés sur le bateau alors qu'il était immobilisé pour réparation dans le port de Kaliningrad au début de l'été. Alerté sur ce contrat avec Téhéran par un service occidental, les services secrets russes (FSB) ont déclenché des recherches. C'est ainsi que Moscou aurait alors décidé d'intercepter le cargo. Cela explique pourquoi la Russie a mis du temps avant d'arraisonner le cargo détourné par les pirates au large du Cap-Vert alors que la position de l'embarcation était constamment connue, selon l'Otan, écrit encore le correspondant. Selon toujours ce dernier, cette version des faits explique aussi pourquoi les services secrets occidentaux ne sont pas intervenus, pourquoi les pirates auraient pris tant de risques pour une simple cargaison de bois d'une valeur de 1,5 million d'euros et pourquoi la Russie a dépêché de gros avions cargos uniquement pour évacuer 14 membres d'équipage et 8 pirates. Enfin, le journal a fait le parallèle avec la visite éclair de Shimon Peres effectuée le 19 août dernier à Moscou, durant laquelle il a, selon le ministère israélien des Affaires étrangères, «apporté des preuves concrètes que l'Iran et la Syrie fournissent des armes au Hamas et au Hezbollah». Le 24 juillet dernier, dans les eaux territoriales suédoises, un hors-bord s'est approché de l'Arctic Sea, dans lequel se trouvaient quatre citoyens estoniens, deux Lettons et deux Russes. L'Arctic Sea, battant pavillon maltais, avait quitté la Finlande le 23 juillet à destination de l'Algérie. Il n'avait plus donné signe de vie le 31 juillet, au moment où il quittait la Manche. Quelque temps plus tard, le navire avait été repéré dans l'océan Atlantique, près de l'archipel du Cap-Vert, mais sa position exacte n'était pas connue. Le vraquier a été attaqué à deux reprises: en mer Baltique et au large du Portugal. Par ailleurs, l'expert maritime qui avait révélé la mystérieuse disparition du cargo Arctic Sea, a quitté la Russie, se disant menacé par des «gens très sérieux». Le rédacteur en chef du bulletin maritime Sovfrakht, Mikhaïl Voïtenko, a expliqué depuis Istanbul, jeudi 3 septembre, qu'il avait pris «le premier avion» mercredi, après avoir reçu la veille un coup de fil de «gens travaillant dans l'intérêt de l'Etat». «Ils m'ont dit qu'il y avait des gens très sérieux derrière cette histoire, qu'ils sont furieux (...), qu'ils veulent se venger», a expliqué M.Voïtenko.